« Secrets de l’État » : Rahabi dénonce et recadre Saïd Bouteflika

« Secrets de l’État » : Rahabi dénonce et recadre Saïd Bouteflika

Abdelaziz Rahabi, diplomate et ancien ministre, n’a pas manqué de répondre aux dernières déclarations faites par le frère et proche conseiller du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Rahabi s’est montré hautement indigné par les propos de Saïd, qui a déclaré hier devant le juge, qu’il détient des « lourds secrets qui pourraient ébranler l’État ».

Pour Rahabi, il s’agit là d’un pas de plus vers l’abime, et « d’une autre phase dans la déliquescence de l’État entamée en 1999 », a-t-il estimé dans une contribution qu’il a publié sur sa page Facebook. L’ancien ministre de la Culture, avant l’intronisation de Bouteflika, a également qualifié les déclarations de Saïd Bouteflika d’« irresponsables », et ce qui s’est passé dans le tribunal de Dar el Beida d’une « instrumentalisation judiciaire des secrets d’État ».

« Les secrets sont la propriété exclusive de l’État » 

Rahabi s’indigne du silence « des juges et des pouvoirs publics » face au dérapage de Saïd Bouteflika. Toujours dans la même contribution, l’ancien diplomate indique qu’il fallait « rappeler publiquement et fermement que les secrets sont la propriété exclusive de l’État ». L’ancien ambassadeur de l’Algérie en Amérique centrale a également souligné que « les porteurs de ces secrets sont soumis à de strictes règles de protection d’informations acquises ».

Cette obligation de garder le silence s’applique, toujours selon Rahabi « au moment de l ‘exercice de fonctions étatiques quel qu’en soit le niveau ». Le diplomate va plus loin en précisant que la protection des secrets de l’État s’applique auusi une fois qu’on est « impliqués dans le processus de prise de décision stratégique ».

C’est depuis 2008, indique Rahabi, qu’une « confiscation progressive du pouvoir en Algérie par des aventuriers dénués de tout sens de l’État » est observable. Le diplomate déplore également la situation qui persiste, voire qui empire. Il dénonce notamment « un véritable souk informel aux informations sensibles ».

Rahabi charge Saïd Bouteflika

Ces « informations sensibles » que Rahabi évoque, sont instrumentalisées, affirme-t-il, soit « comme une arme de chantage , un outil privilégié dans les luttes de clans , une monnaie d’échange, ou encore un gage de fidélité et une offre de service dans l’intelligence avec des puissances étrangères ». 

Pour celui dont la carrière au sein des rouages de l’État algérien a commencé dans les années 1980, « les secrets officiels sont par nature destinés à servir l’Algérie et à le protéger , non pas à l ‘ébranler dans ses fondements déjà fragilisés ».

Pour lutter contre ce genre de dérapages, Rahabi préconise que l’Algérie se dote « d’une véritable Loi de protection des secrets officiels, d’affaires, d’actes, documents et données ». Le membre fondateur de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), en 2014, estime que « la divulgation d’informations sensibles peut constituer un risque pour la sécurité et la défense de notre pays ».