C’est un véritable signal d’alarme que vient de lancer le groupe public des hydrocarbures Sonatrach. Cette compagnie, prise en tenaille, depuis plusieurs années maintenant, entre la baisse de la production sous l’effet du déclin de l’investissement, et la hausse de la consommation interne et ses engagements à l’international, a jugé, hier, « urgente » la promulgation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures.
Cette promulgation devrait redynamiser ses activités en partenariat et augmenter leurs parts de production. Les chiffres de Sonatrach en la matière donnent froid dans le dos. En effet, dans un document diffusé, hier, par l’APS, Sonatrach souligne que « la production d’hydrocarbures en partenariat représente le quart de la production nationale, après avoir connu une contribution d’environ 33% en 2007. Ce fléchissement de la production en partenariat intervient dans un contexte ne laissant pas entrevoir de perspectives concrètes de regain d’activités ». Cet environnement, poursuit Sonatrach, « rend plus que jamais nécessaire et urgent la promulgation d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures, adaptée au contexte international et à même de faire valoriser par l’Algérie son avantage concurrentiel ».
Evoquant l’apport du partenariat, Sonatrach a estimé que le recours au partenariat constituait un choix
« stratégique » pour l’Algérie qui visait, à travers cette option, le partage des risques liés à l’activité exploration et le bénéfice des apports technologique et financier nécessaires à la relance de l’activité des hydrocarbures. Ne souffrant d’aucune ambiguïté, le déclin depuis 2007 de l’investissement étranger a eu pour conséquence un recul net de la production primaire des hydrocarbures.
Le déclin de l’investissement étranger s’est traduit par l’échec des quatre derniers appels d’offres internationaux lancés depuis 2008. Pour tenter d’inverser la tendance, Sonatrach a suggéré une révision de la loi sur les hydrocarbures en 2013, laquelle refonte s’était avérée insuffisante pour rehausser le niveau des investissements étrangers dans l’amont pétrolier et gazier algérien. Pour étayer la contribution du partenariat à la production globale d’hydrocarbures, Sonatrach a indiqué que l’activité exploration en partenariat en Algérie, entre 1986 et 2015, a permis à l’Algérie de réaliser un volume de découvertes (en prouvés et probables) de 2 384 millions tonnes équivalent pétrole (TEP). Les volumes d’hydrocarbures découverts ont atteint un pic en 1995 de 464 millions TEP.
Plaidoyer pour la relance du partenariat
Plus explicite encore, Sonatrach avance clairement que « les découvertes enregistrées depuis 1990 traduisent de manière plus concrète l’apport du partenariat sous l’effet d’une loi aux effets incitatifs avérés et une forme contractuelle privilégiant le rôle actif de la NOC (Sonatrach). L’effet produit a été de faire passer les réserves récupérables restantes du pays de 3,47 milliards de TEP en 1989 à un niveau de 5,12 milliards TEP en 1999 ». Le résultat de cette activité se traduit par une augmentation de la production d’hydrocarbures en partenariat culminant, en 2007, à 74,3 millions TEP avec
34 millions de tonnes de pétrole brut, 36 milliards m3 de gaz naturel, 3,47 millions de tonnes condensat et 3,68 millions de tonnes GPL, selon les données de Sonatrach.
C’est un véritable plaidoyer en faveur de la relance de la production en partenariat, affectée depuis une décennie par un net recul de l’investissement étranger en Algérie.
Sonatrach fait constater également que les découvertes réalisées sont le fruit d’un effort d’investissement colossal supporté « en totalité » par les partenaires étrangers. Montants à l’appui, la compagnie publique fait savoir que les sommes engagées durant la période 1986-2015 s’élèvent à 9 961 millions de dollars avec des pics observés en 1997 et 2007 de, respectivement, 636 et 1 083 millions. Expliquant les mécanismes contractuels de partage de production, Sonatrach a souligné que le partage avec le partenaire étranger, dans les contrats PSC, n’est pas lié au seul taux de financement des opérations pétrolières. En effet, la part de production revenant au partenaire étranger, au titre de la récupération de ses coûts engagés (costoil) et de sa rémunération (profit oil), se calcule selon un processus qui tient compte des niveaux de la production et du prix de pétrole. Sonatrach tente ainsi de convaincre de l’apport des partenaires étrangers au développement du domaine minier national. Sonatrach a engagé, depuis près de deux années maintenant, une expertise autour de la réforme de la loi sur les hydrocarbures. Cette refonte, qui semble être fin prête, n’a pas été encore examinée par le gouvernement et les deux Chambres du Parlement, ce qui pourrait retarder davantage sa promulgation, d’autant plus que l’urgence politique semble prendre le dessus sur les réformes économiques.
D’où le signal d’alarme du groupe public des hydrocarbures et son plaidoyer en faveur de la relance du partenariat, lequel est tributaire de la promulgation de ladite loi.