Le procès de Sellal et de Ouyahia a connu hier les aveux des deux premiers ministres. Alors qu’ils risquent de passer de longues années en prison, les deux anciens responsables ont réagi, chacun à sa manière, après qu’ils ont été appelés à la barre des accusés par le juge du tribunal de Sidi M’Hamed.
Alors que leur coaccusé, Hamid Melzi, s’est distingué avec sa désormais célèbre « Je ne possède que 11 milliards », Sellal et Ouyahia se sont confondus, l’un en supplications et l’autre en dénégations. Face au juge, Sellal évoqua sa femme et son compte bancaire, tandis que Ouyahia paraissait confiant, alors qu’il risque une longue peine d’emprisonnement.
Sellal : « Monsieur le juge, ma femme est malade »
Sellal a été appelé à la barre hier vendredi en tant qu’accusé. Ses dernières déclarations, demandées par le juge, en vue de conclure la séance, étaient empreintes de tristesse et de mélancolie. L’ancien premier ministre a plaidé son innocence. Il a notamment supplié le juge de revoir la décision qui porte sur le gel des avoirs bancaires de sa femme.
« Monsieur le juge, je crois que tout le monde l’a compris, je suis innocent », a déclaré hier Sellal. L’ex-premier ministre s’adresse ensuite au juge et lui confie qu’il a quelque chose à lui demander « personnellement ». Suite à cela, il lui confesse que quand il a vu que ses biens et ceux de sa femme ont été confisqués, il s’est « beaucoup attristé », car il dit ne pas être « impliqué dans ces dossiers ni être accusé de corruption ».
« Sellal n’a pas donné et n’a pas reçu de pots-de-vin », a martelé Sellal, avant de sombrer peu à peu dans les supplications. Devant le juge, il dresse le portrait de sa femme et de son couple. Il affirme que leur maison familiale a été bâtie honnêtement, « année après année ». L’ancien premier ministre indique que son épouse est « une experte internationale », « une enseignante universitaire », « une artiste », et une « écrivaine ».
L’ancien bras droit de Bouteflika précise que lui aussi il a travaillé pour l’état « pendant 46 ans ». Après tous ses services, sellal estime qu’il a le droit « à un appartement et à une voiture ». Pour conclure, Sellal supplie le juge de revenir sur sa décision. « Monsieur le juge, ma femme est malade… je vous en conjure, levez la main sur ses avoirs bancaires et sur sa maison ». Sellal assure en outre qu’il ne possède pas d’avoirs à l’étranger, et que son fils est diplômé d’Oxford.
Ouyahia : « ma conscience est tranquille »
Ouyahia, contrairement à Sellal, donnait l’air d’être confiant. Ou peut être désespéré. Il déclare, en visioconférence, depuis sa cellule à la prison de Béchar, qu’il s’agit de sa 7ᵉ comparution. Selon lui, il s’agit toujours des mêmes accusations. Ouyahia précise que ces accusations portent notamment sur la gestion des affaires de l’état.
« J’ai servi l’état algérien pendant 43 ans, dont 12 en tant que premier ministre », déclare Ouyahia. L’ex-premier ministre estime que son « parcours n’est pas celui d’un homme qui s’est trompé dans la gestion des affaires de l’état ». Selon Ouyahia « un premier ministre est chargé de tous les dossiers des Algériens. Il faut donc qu’il travaille et qu’il se décide très vite ». Ouyahia ajoute enfin que « les décisions qu’un premier ministre prend se basent sur les données que les ministres et les conseillers lui présentent ».
Ouyahia affirme que sa « conscience est tranquille ». Selon lui, il a livré toutes les raisons qui l’ont poussé à prendre les décisions relatives au Conseil des Participations de l’État (CPE). Ouyahia risque 12 ans de prison.