Le n’est plus à démontrer, l’Algérie est bel et bien décidée à racheter l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy. Cela a, d’ailleurs, été réaffirmé à diverses occasions, aussi bien par le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, que par le ministre des PTIC, M. Hamid Bessalah. Djezzy est une entreprise de droit algérien et restera algérienne.
Cela a été clarifié. M. Bessalah a récemment précisé, pour ce qui concerne le futur statut de l’opérateur, que le gouvernement dispose d’une méthode et d’un plan qui seront, d’ailleurs, dévoilés au moment opportun.
Dans de telles conditions, une seule question reste à clarifier : à quel prix Djezzy devra être racheté ? Une question qui s’impose, d’autant plus que le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a clairement signifié que les discussions qui sont actuellement en cours ne doivent être assimilées à des négociations en bonne et due forme.
Pour l’heure, des estimations sans lancées ici et là sans donner une image assez claire de la valeur de l’opérateur. Le patron du groupe OTH, voulant en tirer le meilleur profit, le valorise à 7 milliards de dollars. D’autres estimations, américaines notamment, varient entre 5 et 6 milliards de dollars.
Par contre, un haut responsable au ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication situe la valeur de Djezzy entre « 3 et 5 milliards de dollars maximum ». Mais dans la situation actuelle, il serait plus intéressant d’être plus précis. Il faut d’abord prendre en compte le fait que les actions du groupe OTH perdent chaque jour de la valeur sur les Bourses où elles sont cotées.
Selon certains médias des pays du Golfe, le groupe Orascom Telecom Holding a perdu plus de 60% de sa valeur au cours des deux dernières années, se situant actuellement, à 28,8 milliards de livres égyptiennes. Ce qui équivaut à 5,2 milliards de dollars. Selon d’autres sources, Orascom Telecom Holding a actuellement une capitalisation de 6 milliards de dollars avec une dette nette de 5,11 milliards de dollars à la fin de 2009.
Dans une telle situation on imagine mal l’attribution à Djezzy d’une valeur supérieure à la capitalisation boursière du groupe mère. Certains analystes se hasardent même à dire qu’ils sont sceptiques à croire que Djezzy puissent être valorisé à plus de 2 milliards de dollars et ce, pour les estimations les plus généreuses.
Cela peut être étayé par plusieurs arguments. Au-delà de la capitalisation boursière du groupe OTH, il serait intéressant de se pencher sur plusieurs éléments des actifs de l’opérateur en Algérie, lesquels sont essentiels à l’estimation de la valeur de l’opérateur.
Tout analyste financier devant se pencher sur la question devra prendre en compte les biens meubles et immeubles de l’opérateur. Or l’on se rend compte que Djezzy ne dispose pas de biens immobiliers. Aussi bien le siège social de l’entreprise que les différentes boutiques de l’opérateurs ont élu domicile dans des locaux loués.
En réalité, la richesse de l’entreprise réside dans ses abonnés. Un désengagement des utilisateurs du réseau Djezzy au profit de Mobilis et de Wataniya Télécom réduirait la valeur d’OTA à néant. Il faut d’ailleurs signaler, dans ce sens, que Djezzy a perdu 100 000 abonnés entre septembre et décembre 2009. L’opérateur voit également ses parts de marché se réduire.
Ainsi, selon le dernier rapport financier du groupe OTH pour le 1er trimestre 2010, celles-ci ont baissé de 13% en une année. Les revenus de l’opérateur ont également baissé de 7,8%. Le groupe OTH se retrouve donc dos au mur, avec une dette importante et une valorisation boursière qui baisse chaque jour un peu plus. Faire traîner les négociations dans la durée ne ferait que l’enfoncer davantage.
Klilya B.