M. Aziza

Pourtant, affirme le syndicaliste, tous les acteurs du secteur de l’Education, y compris les parents d’élèves, avaient alerté, si on ose dire, sur «certaines dérives de ces nouvelles méthodologies d’apprentissage». Pour Sadek Dziri, cette réforme a été engagée dans la précipitation avec des manuels scolaires pleins d’erreurs, avec un pas en avant et deux pas en arrière, déstabilisant l’élève, l’enseignant et l’école en général. Sans parler autant de la formation qui laisse à désirer. «On parle souvent de la formation des enseignants, mais on n’évoque pas les conditions dans lesquelles on doit programmer ces formations», dit-il, en expliquant que «les formations des enseignants doivent se faire en dehors de la période du travail.
Pour Meriane, il faut analyser en profondeur les raisons de ces échecs pour pouvoir y remédier. Et de préciser que cet échec est dû à plusieurs facteurs, entre autres, le manque de formation des enseignants, «le principal vecteur dans la réussite de n’importe quelle réforme dans l’école, car c’est lui l’émetteur», dit-il. Il y a aussi la surcharge des programmes, mais le vrai problème, c’est l’incapacité de certains enseignants à résumer les cours, ce qui est un véritable fiasco et, enfin, la surcharge des classes, soutient Meriane. Notre interlocuteur ouvre une parenthèse en affirmant que «si le Premier ministre a appelé, jeudi dernier, les walis à prendre leurs responsabilités et multiplier les efforts pour l’amélioration des conditions de scolarité des élèves en mettant un terme au problème de surcharge des classes, il faut savoir que certains walis estiment qu’avoir 40 élèves en classe, ce n’est pas une surcharge !» Et de résumer que pour asseoir une nouvelle stratégie ou une nouvelle réforme, «il faut d’abord se donner les moyens de sa politique».
L’inspecteur Chalabi Rabie a affirmé, pour sa part, que cette nouvelle méthodologie, qui repose sur l’approche de compétences, ne donne pas la chance aux plus compétents d’enseigner. «Le recrutement se fait n’importe comment et parfois par traitement de faveur, alors qu’un nombre important d’enseignants de l’ENS sont au chômage». Et de regretter que «l’école algérienne soit gérée politiquement et idéologiquement au détriment du savoir». Il a précisé qu’il a été radié du corps des inspecteurs parce qu’il a osé dénoncer les dérives de cette réforme engagée dans le désordre et la précipitation. Et de regretter le fait que son syndicat n’ait reçu aucune réponse de la part du ministère du Travail, pourtant le dossier d’agrément pour la création du syndicat des inspecteurs de l’éducation national (SIEN) a été déposé au mois d’avril dernier.