L’ancien Ministre français des Affaires Étrangères, Alain Juppé, est revenu sur les printemps arabes et a dressé un bilan sombre de la situation des pays qui ont connu ces mouvements de protestation, il a de cela dix ans, tout en évoquant la deuxième vague de mouvements, à l’instar du Hirak en Algérie.
Dans un entretien accordé au journal français Le Parisien, l’ancien Ministre français des Affaires Étrangères, Alain Juppé, est revenu sur les printemps arabes, dix ans après le début de ces mouvements de protestation, et a confié que personne n’avait vu venir un mouvement d’une telle ampleur. « On nous a d’ailleurs reproché d’avoir soutenu des régimes autoritaires qui nous convenaient, comme des garanties contre les mouvances terroristes, fondamentalistes », a-t-il rajouté.
Tout en estimant que ces mouvements étaient « en partie justifiés », l’ancien Ministre du Gouvernement de Nicals Sarkozy, a indiqué que mis à part la Tunisie « qui a progressé vers la démocratie », partout ailleurs, « les perspectives ne sont guère encourageantes ». En effet, Alain Juppé a jugé que « l’Algérie est bloquée, la Libye dévastée, l’Égypte revenue à l’état antérieur et la Syrie détruite ».
S’agissant de la deuxième vague de mouvement, l’ancien Ministre français a évoqué d’abord le Liban, jugeant que le Président Emmanuel Macron s’est montré « courageux » en s’engageant. « On voit à la fois que l’aspiration à la liberté et à la lutte contre la corruption reste profonde, mais que les régimes en place ont une extraordinaire capacité de résilience », a-t-il expliqué avant de rajouter qu’en Algérie, « le régime est imperméable aux mouvements populaires ».
« L’imam de Bordeaux dit que rien dans le Coran n’impose aux femmes de se voiler »
Par ailleurs, et interrogé sur les actions du Président Macron pour « contrôler l’Islam en France », Alain Juppé a avoué s’être réjoui « trop tôt » de voir « le Conseil français du culte musulman (CFCM) adopter une charte de la laïcité », avant de constater que finalement « trois de ses composantes avaient refusé de la signer ». Pour lui, il est important « de voir adopté un texte dans lequel des responsables musulmans affirment l’égalité de la femme et de l’homme ».
L’ancien Ministre français a affirmé « appuyer le projet de création d’un Conseil national des imams », soulignant que c’est « aux musulmans de se prendre par la main sur ces sujets ». « L’imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, dit bien que rien dans le Coran n’impose aux femmes de se voiler, ni que la femme est la sujette de l’homme », a-t-il encore avancé en rajoutant qu’il est important d’encourager ces « forces intellectuelles, religieuses et sociales à se libérer d’une vision réductrice ».
Alain Juppé a indiqué que « la République doit être intransigeante avec ceux qui refusent d’entrer dans ce pacte », proposant, à titre d’exemple, de « faire fermer les mosquées dans lesquelles on prêche contre les valeurs de la République ».