“Il ne faut pas s’étonner que nous récoltions toujours de mauvais scores, et ce n’est pas près de changer s’il n’y a pas de changement de politique”, estime Youcef Boucherim, expert international en TIC.
L’Algérie continue de figurer sur la liste des plus mauvais élèves de la classe dans le monde en termes de débit internet fixe et mobile, selon le classement, pour octobre 2018, de Speedtest Global Index qui met à nu une réalité que les responsables du secteur veulent, pourtant, à tout prix nier. Les données de cet organisme de référence sont sans équivoque et font état, d’emblée, d’un recul de deux points pour l’Algérie qui se retrouve, alors, à l’avant-dernière place mondiale sur 130 pays par rapport à la vitesse de la connexion internet fixe, et à la 121e position sur 124 pays testés en internet mobile. “C’est moche”, attestent les spécialistes du domaine qui déplorent que “l’Algérie soit à la traîne dans le domaine des TIC en général”. Aussi, avec une vitesse établie à 3,84 mégaoctets par seconde (mbps), l’Algérie finit en queue du peloton juste devant le Yémen en dernière position (130), qui dispose d’une vitesse de (2,94 mbps). Les deux pays sont devancés par le Liban avec 6,29 mbps, la Libye 6,50, l’Égypte 6,51, la Syrie
8,89 pour ne donner que ces pays arabes. Au niveau africain, on enregistre également un très mauvais score comparé déjà à nos voisins les plus proches. Avec une vitesse estimée à 8,19 Mbps la Tunisie occupe la 119e place et le Maroc la 101e place avec 13,59 Mbps pour ce qui est du fixe et à la 66e place avec 20,84 Mbps et le Maroc à la 75e place avec 18,19 pour ce qui est du mobile. Les places du podium reviennent à la Norvège avec un débit de 67,17 Mbps, l’Islande 67,05, Singapour 57,28 et le Canada 56,37 pour le mobile. Pour le fixe, Singapour prend le dessus sur la Norvège et l’Islande en arrachant la première place avec 181,47 Mbps. Les Émirats et le Qatar réussissent la performance d’occuper les 7e et 8e places avec respectivement des débits de 52,79 et 51,12 Mbps (mobile) alors que pour le fixe, les Émirats se positionnent à la 51e place avec
34,85 Mbps, le Qatar à la 53e place avec 34,14 Mbps et le Ghana à la 67e place avec 25,11Mbps.
Le satellite lancé par l’Algérie en 2017 toujours inexploité
“Il ne faut pas s’étonner que nous récoltions toujours de mauvais scores et ce n’est pas près de changer s’il n’y a pas de changement de politique”, a soutenu Youcef Boucherim expert international en TIC. Il explique : “Nous devons avoir des contenus algériens, des Data center en Algérie et des sites web hébergés en Algérie comme nous devons exploiter toutes nos potentialités.” L’expert en question fait sans nul doute allusion au satellite lancé par l’Algérie en 2017 qui reste inexploité à ce jour. “Ce sont des solutions de soutien imparables. Le satellite donne une marge importante d’accessibilité à internet, ne serait-ce que pour les zones enclavées et autres”. Spécialiste également du domaine, Farid Farah abonde dans le même sens et soutient : “Il faut laisser les opérateurs avoir leurs propres bandes passantes (câbles marins) pour améliorer la connectivité car ils peuvent s’avérer un très bon complément à ce que fait l’État.” Farid Farah, très didactique comme à son habitude détaille : “Pour le mobile, il existe un manque de canaux fréquentiels en plus d’une surutilisation des données importées qui passent par des câbles sous-marins. Et comme l’Algérie a besoin de nouveaux câbles, il faut mettre les moyens et consentir à davantage d’investissements.” Iheb Tekkour, spécialiste des TIC et très au fait des réseaux sociaux, n’en pense pas moins. “Oui, nous devons reconnaître que nous avons un sacré problème sur les bras qu’il nous faut vite régler si nous voulons réellement nous investir dans le e-commerce et le e-payment et construire une économie numérique.”
Nabila Saïdoun