Les candidats à l’élection présidentielle du 12 décembre prochain ont bouclé hier une semaine de campagne pas comme les autres. Une semaine durant laquelle ils ont sillonné plusieurs villes du pays pour y animer des meetings afin de présenter leurs programmes et de convaincre les électeurs.
Par AZIZ LATRECHE et INES DALI
Les sorties des candidats sur le terrain ont souvent provoqué des tensions, étant donné que les opposants au scrutin ont exprimé leur refus d’une élection dans les conditions actuelles, et ce, à l’occasion des déplacements des candidats dans leurs villes. Au niveau des états-majors des candidats, on estime que la première semaine de campagne s’est bien déroulée.
«La campagne s’est déroulée dans un contexte démocratique»
A la direction de communication de campagne d’Ali Benflis, on tient d’abord à noter que le candidat s’est déplacé dans une dizaine de wilayas réparties aux quatre coins du pays en un temps record. «Pour nous, c’est un point très important qui annonce la cadence sur laquelle il va continuer sa campagne. Nous estimons que cette dernière s’est déroulée dans un contexte très démocratique, car on a eu des personnes qui ont assisté à des meetings qui étaient contre les élections et qui ont pu s’exprimer. Nous trouvons tout à fait normal qu’il y ait des avis divergents sur la question et, justement, une campagne c’est fait pour ça. Elle sert à débattre et à échanger les avis, même et surtout lorsqu’ils sont différents», nous a-t-on déclaré.
A propos du mouvement populaire, Chakib Kouidri, directeur de campagne chargé de la communication du candidat Benflis affirme : «C’est tout à fait normal qu’il y ait des personnes qui ont des convictions et des visions différentes des nôtres sur la manière de sortie de crise. Pour certains, les élections n’arrivent pas à un degré suffisant de transparence.
A notre niveau, nous trouvons que la situation n’est pas idéale mais acceptable. Elle permet, dans une première phase, d’aller aux élections et, par la suite, on pourrait œuvrer tous ensemble à créer des conditions plus favorables et presque parfaites». Il citera, dans ce sens, le programme de son candidat de Talaie El Hourriyet qui prévoit, entre autres, l’ouverture du dialogue avec toute l’opposition afin d’arriver à une transition démocratique. «Et, Justement, l’objectif de la contestation populaire aujourd’hui et la vision de notre candidat se rejoignent sur ce point-là : aller vers une transition démocratique qui permet à tout le monde de s’exprimer… Maintenant, il y en a qui pensent que l’élection ne peut pas réaliser cet objectif. Nous, nous pensons que cette élection est la solution la plus courte et la moins coûteuse, et qui permettra l’édification d’une démocratie plus forte», déclare M. Kouidri.
«Nous regrettons les attaques contre les candidats»
Au niveau de la direction de la communication de campagne du candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune, on qualifie de «positive» la première semaine de campagne. «Notre candidat a commencé sa campagne à Adrar où il a animé un meeting en plein air. Il a reçu un bon accueil de la part de la population et tout s’est déroulé dans le calme. Il n’a pas été chahuté et il n’y a eu aucun dépassement de la part des opposants à l’élection. C’est la même ambiance qui a régné lors de ses autres déplacements à Béchar, Naâma, Constantine», a-t-on estimé. «Nous avons même constaté que les 54 engagements contenus dans le programme de notre candidat ont été bien accueillis par ceux qui ont assisté aux meetings. Notre constat est qu’il y a eu un flux considérable aux rencontres animées par
M. Tebboune». Mais le staff de la communication de Tebboune déclare «regretter qu’il y ait eu des attaques contre les candidats et contre le processus électoral qui est pourtant un processus démocratique permettant au citoyen de choisir son président». Dans ce sens, ils soutiennent «respecter les avis de tout le monde» mais déplorent «les attaques verbales envers les citoyens qui se disent pour le vote». Pour eux, «cette manière d’agir ne permet pas de contribuer à faire baisser les tensions, alors que la démocratie veuille que les uns acceptent les avis des autres même lorsqu’ils sont différents». C’est pourquoi, le staff de communication de M. Tebboune appelle tout le monde à la vigilance et à accepter l’avis contraire.
«Il y avait seulement une vingtaine de contestataires… »
Saïd Nefissi, directeur de campagne du candidat Abdelkader Bengrina, président du Mouvement El Bina s’est déclara satisfait vu que «les sorties étaient réussies, à commencer par la première au niveau de la Grande Poste, en plein centre d’Alger. Il y a eu également des meetings dans les wilayas de Blida, Relizane, Tiaret, El Bayedh et Laghouat, plus précisément Aflou. Le constat est qu’il y avait une présence considérable des citoyens venus assister, y compris lors des sorties de proximité que nous avons effectuées dans les lieux publics». «Lors des meetings que nous avons organisé à El Bayedh et Aflou, le nombre des présents allait de 1 500 à 2000 personnes. Dans la salle où nous avons effectué notre meeting à Aflou, deux personnes seulement ont manifesté leur refus des élections», a-t-il ajouté.
Malgré les incidents qui ont été enregistrés durant la campagne, notre interlocuteur a déclaré que «la campagne de Bengrina s’est déroulée dans de bonnes conditions». Dans le même sillage, il a minimisé ce qui s’est passé, la nuit du vendredi à samedi, devant un hôtel à Aflou où était descendu le candidat, des membres de sa direction de campagne ainsi que des équipes de journalistes ayant assuré la couverture de l’événement. Des images ont montré des opposants à la tenue des élections rassemblés devant l’hôtel pour exprimer leurs refus du scrutin. Le cortège du candidat a été évacué par les forces de l’ordre, mais M. Nefissi nous a déclaré qu’«il y avait seulement une vingtaine de contestataires qui sont venus la nuit et après la fin des activités de M. Bengrina».
«Un début réussi»
La même confiance et satisfaction règne au niveau de la direction de campagne du candidat Abdelaziz Belaid, président du Front El Moustakbal. Raouf Maâmri, le membre du bureau national du parti et chargé de l’information au sein de la direction de campagne, nous dira : «Pour nous, tous les meetings étaient réussis, les salles étaient remplies, nous n’avons enregistré aucun incident.
Lors du meeting que nous avons organisé vendredi dans la salle omnisport au chef-lieu de la wilaya d’Oran, il y a eu la présence de 1 200 personnes.
Depuis le début de la campagne, nous avons effectué environ un meeting par jour. Les gens ont très bien réagi à notre candidat et son programme».