Une moyenne de 35 mouvements de protestations sont enregistrés chaque jour depuis le début de 2015.
Demander des logements, dénoncer une décision du gouvernement, revendiquer l’eau, le gaz et l’électricité, réclamer le revêtement des routes…Toutes les causes peuvent donner lieu à des manifestations dans la rue. Les formes sont diverses: bloquer la route, occuper une place publique, fermer ou s’en prendre aux administrations publiques…
Le bilan établi par les services de la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) donne toute l’ampleur du phénomène.
Selon un rapport consulté par le journal électronique TSA, la Dgsn a enregistré depuis le début de l’année en cours, 6188 mouvements de protestation de citoyens pour formuler différentes revendications.
C’est dire, une moyenne de 35 manifestations par jour. Enorme. Par rapport à la même période de 2014 où 3866 manifestations ont été recensées, le bilan de premier semestre 2015 représente une hausse de 62%.
Toujours selon le rapport de la police, les 6188 mouvements de protestation enregistrés ont impliqué la participation de 730.000 personnes.
Sans surprise, le logement est la principale revendication des protestataires, surtout que l’on sait que chaque opération de distribution de logements est émaillée de manifestations des gens qui se sentent lésés.
Selon le rapport, la Dgsn a enregistré 974 mouvements de protestation pour demander des logements, durant le 1er semestre 2015, contre 710 mouvements en 2014.
Mais le plus grand facteur qui a contribué à l’inflation de la protestation dans la rue est la contestation de la décision du gouvernement d’exploiter le gaz de schiste. Depuis le début de l’année, les citoyens du Sud, notamment dans la ville d’In Salah sont mobilisés contre l’exploitation de cette ressource énergétique non conventionnelle. Des sit-in quotidiens ont été observés par les habitants d’In Salah pour demander l’arrêt du projet.
Le rapport de la police fait état de 388 manifestations depuis le début de l’année. Cette protestation, inédite, a défrayé la chronique pendant de longs mois. La forte mobilisation n’a pas pour autant conduit le gouvernement a annuler sa décision. Malgré toutes les explications et assurances des officiels, les habitants du Sud n’ont pas voulu céder, mettant en avant les dangers de l’exploitation du gaz de schiste sur l’environnement et la santé des populations.
D’autres types de mouvements de protestation ont connu une baisse significative à l’exemple des demandes de pose de ralentisseurs qui est passé de 55 durant le 1er semestre 2014 à 23 depuis le début de l’année, selon le rapport répercuté par TSA.
Depuis le début de l’année, la police n’a enregistré aucune protestation pour réclamer la fermeture des «lieux de débauche» contre sept en 2014. Dans son rapport, la Dgsn souligne qu’elle privilégie le dialogue pour gérer les mouvements de protestation.
Elle explique qu’au cours d’une manifestation, un dialogue est initié avec les parties concernées afin de préserver l’ordre public. Les agents de police dialoguent avec les protestataires, tentant de les convaincre de surseoir à la manifestation. Mais cette démarche n’aboutit pas systématiquement. Dans le cas où les protestations éclatent, la Dgsn explique, dans son rapport, qu’elle gère la situation en privilégiant «la gestion démocratique des foules», le recours aux moyens conventionnels étant le ressort ultime. Elle précise que «le respect des lois, des règlements et des droits de l’homme» sont ses trois principes dans la gestion des foules.