Louisa Hanoune a révélé avant-hier des noms mais aussi des sommes astronomiques proposées à ses élus dans plusieurs wilayas. Elle cite le FLN, le RND et le FNA.
Des partis accusent, d’autres se défendent. Sénatoriales : les transactions financières commencent.
C’est le dérapage ! Les rumeurs faisant état de cas de vente et d’achat de voix en prévision du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation ont été finalement confirmées. Des candidats commencent à effectuer des transactions pour s’acheter une place à la chambre haute. Louisa Hanoune a révélé avant-hier des noms mais aussi des sommes astronomiques proposées à ses élus dans plusieurs wilayas. Elle cite le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND) et le Front national algérien (FNA), des formations dont des candidats ont sollicité ses élus moyennant des sommes allant de 10 à 30 millions de centimes. Ces cas ont été relevés dans les wilayas d’El Tarf pour le FNA, Batna pour le FLN et Sidi Bel-Abbès pour le RND. La SG du PT dit vouloir négocier des conventions politiques avec «les directions nationales des partis et non avec des militants». Mais l’affairisme politique semble primer sur l’intérêt partisan. Tout compte fait, les directions de partis trouvent beaucoup de peine à contrôler certains militants décidés à s’offrir, coûte que coûte, une place au soleil.
Bien que les négociations et arrangements au niveau local soient privilégiés par les partis, ils sont toutefois unanimes à dénoncer toutes formes de corruption. Comme ils tiennent à ne pas se retrouver dans des positions embarrassantes et politiquement difficiles à surmonter, voire à justifier. En fait, ce qui s’apparente à une déclaration de la secrétaire générale du Parti des travailleurs est perçue comme une offense par les formations accusées. Moussa Toutati, contacté hier, ne semble pas apprécier la sortie de Louisa Hanoune, il lance sur un ton défiant : «On est prêt à prendre des mesures coercitives à l’encontre des mis en cause à condition qu’on ait des preuves des déclarations du PT». Il indique avoir contacté son candidat dans la wilaya d’El Tarf, celui-ci a nié avoir eu recours à l’argent. «Il a simplement demandé l’aide du PT dans un cadre purement politique et à aucun moment n’a évoqué l’argent» affirme-t-il. «Pour preuve, le PT compte toujours contracter des alliances avec le FNA ou le RND» explique Moussa Touati. Ayachi Daadoua, président du groupe parlementaire du FLN, lui aussi s’est montré méfiant quant aux révélations de la première dame du PT. Joint hier par téléphone, il se contentera de déclarer que sa formation est «prête à réagir» mais «à condition que Louisa Hanoune présente des preuves concrètes». Le RND, dont un candidat aurait sollicité les voix du PT dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès, était injoignable dans la journée d’hier. Cependant, il faut rappeler que Miloud Chorfi, contacté il y a quelques semaines, a dénoncé tout acte de corruption et condamné le recours à cette voie pour accéder au Conseil de la nation. Ainsi, si les partis politiques menacent mais nient les agissements de certains de leurs militants, il n’en demeure pas moins que ces actes engagent directement les formations concernées. Un rapport de force dont seul le PT sort gagnant, d’autant que Louisa Hanoune est très courtisée à l’approche des sénatoriales qui devraient se tenir à la fin du mois de décembre prochain.
Par Aomar F.