Sept ans à la tête du GSPC et activement recherché : Droudkel, la longévité d’un chef terroriste

Sept ans à la tête du GSPC et activement recherché : Droudkel, la longévité d’un chef terroriste

Plusieurs condamnations à mort ont été prononcées contre lui par les différents tribunaux du pays et son nom revient dans chaque attentat terroriste attribué au GSPC.

Désigné à la tête du GSPC en juillet 2004 lors d’un congrès «national», Abdel Malek Droudkel, alias Abou Mossaâb Abdelwadoud, est désormais le chef terroriste ayant occupé le plus longtemps le poste d’«émir» dans le mouvement islamiste armé en Algérie. Plusieurs condamnations à mort ont été prononcées contre lui par les différents tribunaux du pays et son nom revient dans chaque attentat terroriste attribué au GSPC.

Plusieurs «émirs» s’étaient succédé dans ce même poste, mais ils ont été tous soit abattus, capturés ou soit se sont rendus aux services de sécurité. On parle ici de deux importantes organisations terroristes qui ont depuis longtemps vécu en Algérie, les GIA et GSPC.

Les plus chanceux avaient pu tenir entre 1 à 3 ans à la tête d’un groupe terroriste. Seul, Hassan Hattab, ex-«émir» du GSPC (1998-2003) était resté à la tête du GSPC durant 4 ans. Les autres, Antar Zouabri, Abdel Kader Layada, Gousmi Cherif, Omar Chikhi, Hassan Hattab, Nabil Sahraoui et Dichou, n’ont pas pu tenir longtemps par rapport à Abdel Malek Droudkel.

Ce dernier est fortement entouré et protégé par ses acolytes. Cette sphère très résistante et ce noyau dur du GSPC ont permis à Abou Mossaâb de tenir longtemps depuis qu’il est «émir» de cette organisation criminelle (sept ans déjà). Traqué par les forces de sécurité depuis sept ans, Abou Mossaâb Abdelwadoud a pu échapper à chaque reprise à une mort certaine. Aujourd’hui, il est l’homme le plus recherché au pays.

Bien que les opérations antiterroristes ont donné leurs fruits sur le terrain, surtout avec l’élimination il y a trois ans du n°2 du GSPC, en l’occurrence Sofiane Fassila, et la mise hors d’état de nuire de dizaines de chefs de katibates et de centaines de terroristes, aujourd’hui la tête du GSPC n’est toujours pas tombée. En effet, les services de sécurité et avec tout le travail réalisé dans le cadre de la lutte contre les criminels n’ont pas pu éliminer le n°1 de cette organisation criminelle.

C’est vrai que le travail des renseignements a porté ses fruits, et il est vrai également que les activités des terroristes ont sensiblement baissé, mais la menace, elle, existe toujours, d’autant plus que Droudkel est toujours en vie, et c’est ce qui donnera plus de volonté aux terroristes dans les maquis.

Dichou, premier «émir» du GSPC abattu quelques minutes après sa désignation

Avant Droudkel, un certain Dichou, alias «Abou Mossaâb» avait été désigné en 1998 émir national du GSPC. Amari Saïfi, alias «Abedrrazak Al Para», avait été désigné «émir» de la zone de l’Est (aujourd’hui entre les mains des services de sécurité).

Nabil Sahraoui a été évincé de l’«émirat» et avait été désigné responsable des relations extérieures (abattu par les forces de l’ordre en 2004). A la fin de ce «congrès», ces terroristes étaient encerclés par des unités de l’ANP qui ont réussi à éliminer Dichou, «émir» national de cette nouvelle organisation terroriste. Il a été remplacé par Hassan Hattab (aujourd’hui détenu dans un endroit secret).

Cet ex-fondateur du GSPC, en l’occurrence Hassan Hattab, sera évincé à son tour par Abdel Malek Droudkel en juillet 2004. Mais avant cela, Hassan Hattab avait créé son propre groupe, composé de 300 à 800 personnes au maximum, essentiellement dans l’Est du pays, mais il est aussi présent dans le Centre et le Sud. Il se démarque du GIA en élargissant la lutte au domaine international : France, Mauritanie. Il ne ciblait alors que les militaires, gendarmes et policiers.

Le groupe fut aussi soupçonné d’avoir préparé un attentat contre la cathédral Notre-Dame de Strasbourg et le marché de Noël en décembre 2000. En juillet 2003, Nabil Sahraoui, (Ibrahim Mustapha) remplace Hassan Hattab à la tête du groupe, avant d’être abattu par l’armée algérienne à Béjaïa en juillet 2004. Il est remplacé par Abdel Malek Droudkel, qui émet une fatwa contre Hattab qui lancerait de faux communiqués avec le sceau du GSPC (9 février 2004).

Durant la même année, le GSPC avait proféré des menaces contre les étrangers résidant en Algérie. Cette année-là, Abedrrazak Al Para est arrêté dans le Tibesti par les rebelles tchadiens du MDJT, puis après une rançon remis par la Libye il est extradé vers l’Algérie.

Sofiane Fassila et Abbas Boubekeur abattus

Le GSPC a perdu plus d’une vingtaine de chefs de phalange et de section, notamment en Kabylie. La plus importante de ces pertes reste incontestablement celles de deux émirs, Sofiane Fassila, abattu a Tizi Ouzou et de l’émir de la phalange Al-Ansar, connu sous le pseudonyme de Selmane et dont le vrai nom était Abbas Boubekeur.

L’un des fondateurs du GSPC, Ahmed Zarabib a trouvé la mort le 17 janvier 2006 au cours de violents affrontements avec l’armée algérienne dans la région de Toudja. Dans une déclaration vidéo diffusée le 11 septembre 2006, le numéro 2 d’Al Qaïda, Ayman Al Zawahiri, annonce que le GSPC a fait allégeance à Al Qaïda et devient AQMI. Il renouvelle la déclaration d’Oussama Ben Laden faisant du GSPC «le bras armé d’Al Qaïda pour frapper en France».

Le mouvement a désormais pour mission de montrer son «efficacité» sur le territoire algérien tout en fédérant les organisations salafistes de l’Afrique du Nord. Promu émir, Abdel Malek Droudkel se fait appeler Abou Mossaâb Abdelwadoud, surnom du jordanien al-Zarqaoui tué près de Bakouba en juin 2006, et la guerre islamiste en Irak devient sa référence. AQMI se met à recruter des jeunes prêts à donner leur vie pour le djihad en pilotant des camions-citernes, des voitures bourrées de TNT, en portant une ceinture d’explosifs et en se faisant sauter au milieu de la foule.

Depuis mi-octobre 2006, le GSPC qui souhaitait établir une base arrière au nord du Mali, région du Kidal, s’est trouvé face à l’opposition des Touaregs de l’Alliance Démocratique. Le 25 janvier 2007, le GSPC change de nom et devient Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).

Ce changement aurait obtenu l’approbation d’Oussama Ben Laden. Créé sur le refus de la politique de terre brûlée des GIA, le GSPC se limite aux symboles du pouvoir mais pratique également le racket et la contrebande pour obtenir de l’argent.

Absence de soutien des oulémas

Hormis les titres de son discours (Etat islamique, califat…) et le mot «salafiste» qui apparaît dans le nom du groupe, le GSPC ne fait aucune référence à des oulémas. [ En d’autres termes, il n’est pas en mesure de fournir une quelconque fatwa justifiant ses actions terroristes. Plus que cela, les chouyoukh d’Arabie saoudite, représentants du courant Salafiste pur et dur, dénoncent les actions de cette organisation, tout comme l’Egyptien Amrou Khaled.]

C’est probablement en raison de cette incapacité à trouver des soutiens idéologiques auprès d’oulémas, tout en soutenant la résistance en Irak, en Palestine et au Liban, Youssef Al Qaradawî a fermement condamné les attaques perpétrées à Alger qu’il qualifie de terroristes, que le GSPC est allé trouver refuge chez Al-Qaïda, acceptant de sous-traiter la terreur en Algérie, en France et même dans la région du Sahel.

Sofiane Abi