L’arrivée de M. Lavrov, chef de la diplomatie russe, principal allié militaire de l’Algérie, coïncide avec cette fièvre présidentielle qui se saisit du pays.
C’est dans un contexte préélectoral que le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, effectuera, à partir d’aujourd’hui, une visite de deux jours en Algérie, à l’invitation de son homologue, Abdelkader Messahel, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Cette visite a été annoncée par certains milieux diplomatiques informés pour le mois de décembre dernier, mais elle a été reportée «pour raison de calendrier», nous explique-t-on. Pour autant, doit-on se suffire du communiqué laconique des AE affirmant que cette visite s’inscrit dans «le cadre du dialogue politique régulier et de la concertation permanente entre les deux pays»? On ne peut pas s’extraire du contexte qui règne dans le pays depuis la convocation du corps électoral, il y a cinq jours. L’arrivée de M. Lavrov, chef de la diplomatie russe, principal allié militaire de l’Algérie, coïncide en effet avec cette fièvre présidentielle qui se saisit du pays. Serguei Lavrov, dont la dernière visite remonte à février 2016, ne manquera pas l’occasion d’évoquer cette élection avec ses interlocuteurs à Alger. Ce qui renseigne sur l’importance géostratégique que revêt la présidentielle algérienne au plan international. L’issue de la présidentielle d’avril prochain donnera le ton politique et la direction de futurs partenariats dans la région d’Afrique du Nord et même du Sahel, une région soumise à une compétition sans précédent des puissances occidentales. Le second chapitre qui marquera les discussions sera incontestablement la situation sécuritaire dans les principaux points Il s’agit évidemment de la situation en Libye, au Sahel, au Mali, en Syrie et l’évolution du dossier du Sahara occidental. Entre Alger et Moscou, l’entente est parfaite sur ces dossiers surtout quand il s’agit du règlement des crises par des solutions politiques et de la non-intervention étrangère dans les affaires internes des autres pays. L’exemple syrien où le conflit tire à sa fin est un cas d’école en matière de gestion des conflits à l’international. A la position immuable de l’Algérie sur cette question qu’il fallait régler entre les Syriens eux-mêmes, s’est consolidée l’intransigeance russe.
Mais les débats entre le ministre des AE russe et son homologue algérien Messahel sur ce sujet ne seront pas du domaine public et les chancelleries étrangères qui se démènent pour le «mystère» de l’élection présidentielle.
Hélas! Elles resteront sur leur fin. Pour le département de Abdelkader Messahel, cette visite se situe «dans un contexte de développement continu du dialogue politique et de la coopération en les deux pays». Loin de l’agitation du microcosme politique, le temps est aux affaires et à l’économie. «Le séjour dans notre pays du chef de la diplomatie russe intervient également à la veille de la tenue de la 9ème session de la Commission mixte économique algéro-russe, prévue à Moscou du 28 au 30 janvier 2019», souligne le communiqué du MAE.
Cette visite de M. Lavrov a Alger a été précédée, à la mi-novembre 2018, par celle de Viktor Bondarev, président du Comité de la défense et de la sécurité du Conseil de Russie (chambre haute du Parlement russe). Il a discuté de la coopération militaire entre la Russie et l’Algérie avec des représentants du ministère algérien de la Défense. Selon M.Bondarev, la possibilité de la création d’une entreprise conjointe de fabrication, de réparation, de prolongation de la durée de vie et d’élimination des munitions guidées et non guidées en Algérie a été examinée. Quelques jours auparavant, c’est le ministre de la Défense Sergueï Choïgou qui ne tarissait pas d’éloges sur l’Algérie. Dressant le bilan de l’année 2018, il a énuméré les pays auxquels la Russie donne la priorité dans le domaine de la coopération militaire et l’Algérie figure dans le peloton de tête. Depuis ces quelques dernières années, l’Algérie a décidé de mettre en place une industrie militaire qui lui assurerait un transfert de technologie et offrirait au plan économique un tissu industriel militaire. Ainsi, après plusieurs contacts, la démarche semble donner des résultats.
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