Comme chaque mois de Ramadan, les chaînes de télévisions algériennes, publiques et privées, proposent une profusion de feuilletons dramatiques, de séries humoristiques, de sketchs, etc. Mais pour ce Ramadan 2022, le téléspectateur a du mal à trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Entre un manque flagrant d’originalité, un contenu jugé parfois inapproprié et un humour douteux, les critiques sur les réseaux sociaux fusent.
On prend les mêmes et on recommence
En tête des insuffisances citées par les téléspectateurs, on retrouve le manque d’innovation et d’originalité. Ces derniers déplorent le fait que d’une année sur l’autre, les scénarios ne changent pas, les dialogues demeurent rigides, et les acteurs ce sont presque toujours les mêmes qui reviennent. B. R. écrit sur la page Facebook d’Algérie 360 : « programmes ramadanesques très très décevants comme les années précédentes, en attendant des jours meilleurs ». Une autre abonnée proteste : « Cette année c’est la catastrophe, il n’y a rien à voir à la télé ».
Si certaines chaînes font l’effort de changer les noms de leurs programmes, d’autres se contentent de reconduire les mêmes. À titre d’exemple, Elchourouk TV propose à ses téléspectateurs une 3e saison du feuilleton dramatique « Yemma » et une énième saison de la comédie Deqyous et Maqyous.
Une réalité parallèle et non représentative
Un autre reproche qui revient souvent dans les commentaires des internautes, le fait que ces séries présentent une réalité parallèle de la société algérienne. Une réalité que les classes populaires sont loin de vivre. En effet, les drames « sociaux » se éroulent souvent dans des décors composés de belles villas, de voitures de luxe, de salons feutrés.
En outre, beaucoup de gens dénoncent les scènes de plus en plus osées qu’on montre dans des programmes retransmis à une heure de grande écoute (juste après le ftour) et censés être familiaux. À ce titre, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) vient de suspendre le feuilleton Houb Moulouk diffusé sur la chaîne Ennahar TV. Le motif invoqué est la non-conformité aux valeurs de la société. « “Nous avons observé dans l’un des épisodes de la série des scènes dont le contenu est attentatoire à la sacralité du mois de Ramadan et aux valeurs religieuses et morales des Algériens”, peut-on lire dans le communiqué de l’ARAV.
Babor Ellouh, l’exception
Le seul programme qui semble tirer son épingle du jeu est la série Babor Ellouh, écrite et réalisée par Nasreddine Souhili, et diffusée sur Elchourouk TV.
Ce feuilleton décrit l’amère réalité que vit la jeunesse algérienne ; une jeunesse qui, rêvant d’un avenir meilleur, se jette dans l’aventure périlleuse de l’immigration clandestine, la harga.
Hosni (Abdelkader Djerio) est un artiste talentueux contraint par des circonstances difficiles à s’improviser vendeur à la sauvette. Sa femme (Yasmine Ammari), quant à elle, travaille dans un salon de coiffure. En désespoir de cause, Hosni pense à l’immigration clandestine comme solution ultime. Ce drame se croise avec une histoire d’amour à sens unique que vit Mohamed (Mohamed Khasani) avec sa cousine (Souhila Moallem), et avec le récit d’un boxeur ambitieux (Rabah Abdelkarim) qui souffre de marginalisation.
Ces différents personnages représentent autant d’archétypes dans lesquels se reconnaissent de larges couches de la société algérienne. C’est en cela que réside le succès de Babor Ellouh.