Algérie Télécom a signé hier une convention avec plusieurs ISP offrant des ristournes de 20 à 35 %.
Au moment même où le débat bat son plein sur la préparation du terrain pour la migration de l’IPV4 à l’IPV6, l’Algérie peine toujours à offrir aux abonnés algériens une connexion “respectable”. La disparition de l’Eepad pour des déboires financiers n’est pas pour arranger les choses puisque les abonnés vivent toujours dans l’incertitude, ne sachant vraiment pas à quel saint se vouer. Algérie Télécom fait d’énormes efforts pour répondre favorablement à toutes les demandes, mais il est évident que l’absorption ne peut se faire de manière systématique sans anicroches. Les pouvoirs publics persistent pourtant à dire que “le dossier Eepad n’est pas encore clos et que les deux parties sont toujours en négociation pour trouver une solution”, comme affirmé pas plus tard qu’hier par Hamid Bessalah, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication (PTIC), même si tous les indices démontrent le contraire. Certaines indiscrétions, notamment du côté d’Algérie Télécom (AT), assurent que ce fournisseur d’accès aux services d’Internet n’est pas près de reprendre ses activités compte tenu de l’importance du volume de la dette dont il doit s’acquitter vis-à-vis d’elle et d’autres parties.
C’est d’ailleurs la raison même, selon nos sources, qui a rendu impossible toute tentative de “sauvetage” de cette entreprise qui, du reste, était la seule à offrir non seulement l’accès à Internet, mais aussi des services à valeur ajoutée en développant des contenus pédagogiques au côté d’autres offres à l’image du “Five Play” (TV sur Internet), etc. Un vide qui ne pouvait continuer à faire tache d’huile, ce qui expliquerait, entre autres, la convention signée hier entre Algérie Télécom et plusieurs ISP. Cela consiste à mettre les infrastructures d’AT à la disposition des providers.
Ces derniers n’auront pas à supporter de lourds investissements en ce sens et n’auront qu’à s’abonner auprès de l’opérateur public, bénéficiant d’une ristourne allant de 20 à 35%. Cette initiative profitera évidemment à AT pour étendre le réseau (170 Actels sur tout le territoire national), mais n’est pas pour autant sans conditions. Les ISP sont tenus de développer le contenu et la valeur ajoutée sur les offres. Ainsi, les choses ne sont pas dites mais il semble clair qu’on procède au remplacement de l’Eepad en donnant l’opportunité aux ISP d’émerger.
M. Bessalah, pour sa part, parle de “réhabilitation des providers” et Moussa Benhamadi, P-DG d’AT, souligne la pertinence de mettre les providers en compétition et offrir de nouveaux services et surtout de meilleure qualité aux Algériens et désigner des interlocuteurs directs. M. Bessalah ne manquera pas à l’occasion d’aborder les problèmes récurrents du débit et ira jusqu’à reconnaître certaines “mauvaises options” dans le choix des équipements et même la mauvaise gestion. Il présentera comme seule alternative pour sortir de ce marasme technologique l’urgence de la modernisation de l’administration à travers l’intensification de l’utilisation des TIC. Du déjà-vu et déjà entendu aussi bien auprès de l’actuel ministre en charge du secteur, que de la part de ses prédécesseurs sans pour autant que cela change d’un iota depuis déjà bien des années, alors que l’Algérie s’est investie dans les réformes depuis l’année 2000. Aujourd’hui, tous les espoirs sont fondés sur l’e-Algérie 2013 sans que personne ne soit en mesure réellement de faire de réelles perspectives. En attendant de voir plus clair, l’Algérie continue à accuser un retard flagrant dans le domaine de l’Internet et se retrouve classée à la 6e position au niveau africain bien après la Tunisie, le Maroc, l’Égypte, le Gabon, les Seychelles selon le dernier rapport de la Cnuced (Information Economy Report 2009), qui attribue ce retard, entre autres, à l´absence d´infrastructures de télécommunications fixes.