Ses responsables dans le collimateurs de la justice, critiqués par l’ONM, et le parti rejeté par la population, FLN : la descente aux enfers

Ses responsables dans le collimateurs de la justice, critiqués par l’ONM, et le parti rejeté par la population, FLN : la descente aux enfers

En accusant de “bande” la direction actuelle du parti du FLN, le SG de l’ONM entend visiblement accélérer la dynamique, qui s’exprime déjà dans la rue, pour mettre à l’abri un sigle patrimoine du peuple algérien.

Si elle peut dissimuler quelques considérations personnelles, elle n’en révèle pas moins l’état de déliquescence avancée du régime : dans une sortie, autant inédite qu’inattendue, la puissante Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a, de nouveau, chargé la direction actuelle du FLN qu’elle n’a pas hésité, ironie de l’histoire, à accuser d’exécuter les ordres de l’ancienne puissance coloniale. “Le SG par intérim de l’ONM défie la bande du FLN et démontre, preuves à l’appui, qui exécute un agenda étranger ou plutôt les ordres de la France. L’ONM ou la bande du FLN qui a refusé par le passé la criminalisation du colonialisme à travers un projet de loi alors qu’elle possédait la majorité et que le président de l’Assemblée était du FLN ?”, s’est interrogé le SG par intérim de l’ONM, Mohand-Ouamar Benelhadj en réponse à de récents propos du SG du FLN, Mohamed Djemaï qui l’accusait d’obéir à un agenda étranger après des propos suggérant l’envoi au musée du FLN.

C’est la seconde fois en quelques jours que le responsable de l’ONM, jusque-là très discret et presque méconnu de larges pans de la population, charge la direction du FLN qu’il affuble du vocable, peu flatteur par les temps qui courent, de “bande”. Le 20 août dernier, à l’occasion de la Journée du moudjahid et de la célébration du Congrès de la Soummam, date fort symbolique, M. Benelhadj a posté une vidéo dans laquelle il décrétait que le “FLN n’a plus sa raison d’être aujourd’hui”. “Nous avons demandé plusieurs fois aux autorités d’enlever ce symbole. Nous réitérons cet appel aujourd’hui, à l’occasion du 20 Août”, a-t-il déclaré. Le secrétaire général par intérim de l’ONM a rappelé, à cet effet, que la loi relative aux partis politiques, de 1990 ou de 2012, “interdit l’utilisation des anciennes appellations des partis”. C’est parce que la charge provient d’un ancien maquisard, de surcroît à la tête d’une organisation qui a longtemps constitué une source de légitimation au pouvoir, qu’elle prend dans le contexte actuel une dimension particulière.
En accusant de “bande”, la direction actuelle du parti du FLN, le SG de l’ONM entend visiblement accélérer la dynamique, qui s’exprime déjà dans la rue à travers le slogan “FLN, dégage”, pour mettre à l’abri, maintenant que la légitimité révolutionnaire a vécu avec la fin biologique de la génération de Novembre, un sigle patrimoine du peuple algérien. La charge n’a rien de fortuit : elle suggère que le parti, qui a longtemps constitué la base politique du régime et porté ses orientations et sa politique, est devenu aujourd’hui un simple instrument de pouvoir entre les mains de personnes, sans envergure, ni éthique, dont la marque de fabrique est l’affairisme.
En plus de l’image détestable qu’il renvoie, celle d’être devenu un réceptacle d’opportunistes, certains de ses responsables ont maille à partir avec la justice. Cette décadence ponctue une descente entamée depuis longtemps, particulièrement depuis que le défunt, Abdelhamid Mehri, qui voulait en faire un parti autonome des cercles de décision a été chassé de la direction.
Depuis, le FLN a servi de tremplin à une “faune” politique qui a irradié tous les segments de l’État avec le résultat que l’on sait. “Nous, moudjahidate et moudjahidine soussignés, combattants de la Grande guerre nationale au sein de la glorieuse Armée de libération, sous la bannière unique et unifiée du Front de libération nationale, dénonçons avec la plus grande vigueur le sort réservé au FLN, par l’aventurier Amar Saâdani et sa camarilla de baltaguis. Notre démarche est politiquement absolument désintéressée. Elle ne vise aucun autre objectif que celui de rendre à ce sigle son honneur flétri et sa dignité foulée aux pieds par une clique de combinards sans vergogne. Des prévaricateurs et trafiquants de tous poils, conglomérés autour d’un secrétaire général, tiré d’un marigot grouillant d’affairistes et de mercantis moralement impurs, socialement indélicats, économiquement véreux et politiquement immoraux.” C’était déjà en 2016 lorsqu’un groupe de moudjahidine dont Hocine Senouci, Saâdi Yacef, Zohra Drif-Bitat et Abdelkader Guerroudj appelaient déjà à protéger le FLN de la “bande”. “Le FLN historique est le patrimoine de tout le peuple algérien. S’il continue à vivre en tant que parti politique, il est souhaitable qu’il le fasse dans le respect des grands principes moraux qui ont présidé à sa fondation. En d’autres termes que les hommes qui le dirigent soient des exemples de probité”, avaient-ils préconisé, comme pour faire écho à leur aîné, Mohamed Boudiaf, lui qui porta la carte numéro 1 du FLN, avait appelé au début des années 90 à le mettre au “musée”. Plus que jamais, le FLN au musée, au regard des péripéties qui l’entourent aujourd’hui ? Au-delà de la descente aux enfers, le peuple a déjà rendu son verdict.

Karim K.