SHANGHAI – Modernité, authenticité, grandeur et histoire: telles sont les caractéristiques qui décrivent le mieux Shanghai, capitale économique de la Chine, qui mérite si bien son surnom de « Smart-City » (ville intelligente).
Construite sur un fleuve qui se jette dans la mer de Chine orientale, au centre-est du pays, Shanghai représente une des plus importantes bases industrielles de la deuxième économie du monde, avec une position géostratégique lui permettant d’occuper, depuis plusieurs siècles, une place primordiale dans l’économie chinoise et même mondiale.
En 1938 déjà, la ville était considérée comme le cinquième port mondial, où les plus grandes firmes occidentales y étaient représentées, tandis que son développement a commencé à s’accélérer durant les années 1980, avec le lancement de vastes réformes politiques et économiques par le gouvernement chinois, avant d’emprunter un rythme plus soutenu au début des années 1990.
Aujourd’hui, Shanghai représente le prototype de l’envolée économique de la Chine qui est passée du rang des pays en voie de développement à la deuxième puissance économique mondiale, en seulement quelques décennies.
Elle est devenue une destination privilégiée des industriels occidentaux à la conquête d’une croissance qu’ils ne trouvent plus dans leurs pays respectifs empêtrés dans une crise économique depuis quelques années.
De par ce flux important d’hommes d’affaires et de postes d’emplois générés par ces investissements, Shanghai est devenue la ville la plus peuplée de Chine avec plus de 24 millions d’habitants, soit près de 1% de la population totale du pays.
Pression sur l’immobilier
L’importance du nombre de sa population joue en faveur de Shanghai mais a engendré une telle pression sur le secteur de l’immobilier, devenu excessivement cher, que les autorités locales ont interdit aux banques d’octroyer des crédits immobiliers pour les demandeurs qui disposent déjà d’un logement.
Au centre de Shanghai, il n’y a presque pas d’habitations: Les gratte-ciels et tours sont affectés aux bureaux, tandis que les quartiers résidentiels sont implantés en dehors du centre-ville.
Sur le plan économique, Shanghai, dont la surface est de 6.341 km2, contribue à hauteur de plus 12% dans le PIB de la Chine grâce à sa croissance économique de deux chiffres depuis 2010.
En plus des différentes filières industrielles, cette ville profite de ses zones portuaires pour faire d’elle-même une « ruche » de conteneurs de marchandises d’import-export.
Surnommée également la « Perle de l’Orient », « Paris de l’Asie » ou encore « Venise de l’Orient », Shanghai n’attire pas uniquement les investisseurs mais aussi des touristes qui viennent des quatre coins du monde.
Economie d’énergie
Pour se rendre à cette ville, il faut emprunter le métro ou attendre le soir du fait que l’accès aux non-habitants et aux non-employés de cette mégapole est interdit entre 8h et 17h pour éviter les embouteillages et permettre aux travailleurs d’arriver à l’heure à leur poste de travail.
A Shanghai, « rien n’est laissé au hasard. Tout est calculé et bien réfléchi », souligne Kader, un Algérien installé en Chine depuis près de 15 ans.
Même les lumières qui éclairent les gratte-ciel sont éteints à partir de 22 heures pour rationaliser la consommation d’énergie.
Les Algériens de Shanghai
Chef d’une entreprise d’import-export de machinisme industriel et agricole entre la Chine et l’Algérie, Kader se dit « impressionné » par le modèle du développement shanghaien: « L’expérience de Shanghai doit inspirer chacun de nous pour se développer soi-même, d’abord, et développer son propre pays ».
Il est parmi d’autres Algériens installés à Shanghai. C’est le cas de Mustapha, la cinquantaine, qui est également chef d’une entreprise d’import-export.
Il représente un intermédiaire entre des entreprises chinoises et algériennes désirant acquérir des machines professionnelles (industrielles et agricoles) de Chine.
Selon lui, la demande algérienne pour les équipements chinois est de plus en plus importante.
Lorsqu’il était venu en Chine en 1988 pour poursuivre ses études en art, cet ancien diplômé de l’Institut national de musique (INM) n’avait pas du tout l’intention de rester dans ce pays si lointain.
Mais après son retour en Algérie, cinq années plus tard, après obtention de son diplôme chinois, Mustapha dit s’être retrouvé dans l’obligation de revenir en Chine « faute d’une bonne opportunité de travail au bled ».
Il décida alors de retourner en Chine pour s’y installer définitivement en commençant à enseigner la musique dans le lycée français de Pékin tout en cumulant de « petits boulots » comme surveillant et chauffeur de bus des collégiens de cet établissement scolaire.
« Les Chinois sont des bosseurs. Pour pouvoir vivre au sein de leur société, ils faut travailler plus qu’eux », lâche-t-il.
Après cette expérience et un petit capital constitué, Mustapha décida de déménager vers Shanghai et de créer sa propre boîte d’import-export, en plus d’un restaurant qu’il gère avec un deuxième partenaire algérien, mais tout en souhaitant retourner au pays, un jour, et investir dans un projet touristique.