Les investissements de Sonatrach sont intimement liés au cours du pétrole qu’elle-même produit.
Ainsi, la survie de Sonatrach et la pérennité de ses investissements dépendent en totalité des fluctuations que connaissent les prix de l’or noir. Car, selon le directeur exécutif Finances de Sonatrach, la compagnie nationale peut assurer la continuité de ses investissements en fonds propres si les prix du Brent «se stabilisent autour des 60 dollars/baril. Autrement, c’est-à-dire que si la moyenne est appelée à descendre jusqu’à 30 dollars, (comme c’était le cas en janvier-février 2016), nous allons faire appel à des financements qui seront en priorité internes».
«N’étaient les quatre raffineries à réaliser, dont le coût d’investissement est d’environ 2 milliards de dollars pour une raffinerie, on ne serait pas en train de parler d’endettement ou pas d’endettement», a encore essayé de faire comprendre le conférencier.
La moyenne des prix du pétrole est passée de 99,41 dollars en 2014 à 52,13 dollars en 2015, avait auparavant détaillé le PDG de Sonatrach, Amine Mazouzi. Il a animé hier une conférence de presse au siège de la société à Alger en présence des cadres de son groupe et du nouveau ministre de l’Energie, Noureddine Bouterfa, lors de laquelle il a présenté le bilan de l’année dernière et les projets à venir.
En dépit de la crise pétrolière et la réticence des entreprises étrangères à investir dans le domaine, le premier responsable de Sonatrach a fait savoir que «l’investissement a progressé de 16% entre 2014 et 2015». «Le forage de développement a également bien progressé avec 144 puits en 2015, contre 104 en 2014», a-t-il encore précisé.
Présentant le chiffre d’affaires de la compagnie, Mazouzi a indiqué qu’il était de 58,45 milliards de dollars en 2014, contre 33,19 milliards l’année suivante, soit une baisse de 43%.
Nouveau ministre, nouvelles ambitions
La présentation du bilan de Sonatrach en présence de Bouterfa dans la salle n’est certainement pas fortuite. Par cet acte, on peut aisément comprendre que cela signifie qu’une nouvelle ère commencerait pour redorer le blason du groupe, victime d’une déstabilisation sans précédent, pour accompagner davantage le gouvernement dans sa politique de «nouveau modèle de croissance économique».
Se montrant optimiste et renvoyant d’un revers de la main les perspectives d’un avenir difficile pour Sonatrach, son PDG a argué, chiffres à l’appui, que malgré la crise sa compagnie a su maintenir le cap. Selon lui, 53,5 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) ont été vendus sur le marché national et 98,1 millions de TEP exportés, atteignant ainsi respectivement des taux de réalisation de plus de 100%.
Se projetant dans l’avenir, le responsable de Sonatrach table sur une augmentation de ses exportations en hydrocarbures à 108 millions TEP en 2016 contre 98,1 millions TEP en 2015, soit une augmentation de 10%.
Pour les résultats enregistrés sur les cinq premiers mois de 2016, Mazouzi trouve qu’ils sont «en parfaite harmonie avec les objectifs ambitieux que Sonatrach s’est fixés pour 2016 et qui répondent à un seul souci qui est le retour à la croissance au niveau de Sonatrach».
Abordant la question du raffinage, le vice-président, responsable de l’Activité Liquéfaction,
Raffinage et Pétrochimie, Akli Remini, a rassuré que les trois raffineries en service actuellement en Algérie tournent à plein régime et ont même produit des quantités supplémentaires en 2015, diminuant ainsi les valeurs d’importation. «Avec l’entrée en service des quatre raffineries (Tiaret, Biskra, Hassi Messaoud et Arzew), dont les chantiers ont été lancés pour certaines, nous arriverons à terme à transformer tout ce qui vient des stations de Skikda et d’Arzew.»
Au sujet des litiges entre Sonatrach et des groupes pétroliers étrangers, le PDG a rassuré que «2015 a été l’année du règlement de tous les contentieux. A titre d’exemple, nous avons assaini la situation avec ENI qui a accepté de payer la totalité de ce qu’elle doit à Sonatrach. Une partie sera transformée en investissements».