« Si on l’envoie en Algérie, c’est pour y mourir » : La France refuse d’extrader Bouchouareb

« Si on l’envoie en Algérie, c’est pour y mourir » : La France refuse d’extrader Bouchouareb

Ce mercredi 5 mars, le parquet général a demandé à la cour d’appel d’Aix-en-Provence de rejeter les six demandes d’extradition formulées par l’Algérie à l’encontre de Abdesselam Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie et des Mines sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika.

Bouchouareb, qui réside actuellement dans les Alpes-Maritimes, dans le sud-est de la France, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il a été condamné par contumace en Algérie à plusieurs peines de 20 ans de prison chacune, dans le cadre d’affaires de corruption.

Selon l’avocat Raphaël Sanesi de Gentile, son éloignement vers l’Algérie entraînerait « un risque de vie » ou, à tout le moins, « un déclin rapide et irréversible de son état de santé ».

La justice française a placé Bouchouareb sous contrôle judiciaire le 5 octobre 2023 et lui a retiré son passeport afin de l’empêcher de quitter le territoire français.

Le parquet s’oppose à l’extradition de l’ex-ministre Abdesselam Bouchouareb, invoquant des risques pour sa santé

« Si on envoie M. Bouchouareb en Algérie, c’est pour y mourir », déclare Benjamin Bohbot, avocat de l’ex-ministre.

À l’inverse, Me Anne-Sophie Partaix, avocat conseil de l’Algérie, a insisté sur la nécessité de rendre justice. Elle a rappelé que Bouchouareb avait été condamné pour des infractions économiques et financières et qu’il devait répondre de ses actes.

Elle affirme que les autorités judiciaires algériennes avaient fourni, le 13 février dernier (une date récente), toutes les « garanties nécessaires » à la justice française. « M. Bouchouareb a volé de l’argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes », a-t-elle martelé.

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Il est à rappeler que Bouchouareb était l’une des figures proches de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika et a occupé des postes clés dans ses gouvernements. Il a quitté l’Algérie avant le Hirak qui a conduit à la chute de l’ancien régime.

Algérie – France : la crise diplomatique s’intensifie

Cette affaire s’inscrit dans un contexte de relations diplomatiques tendues entre l’Algérie et la France. En effet, les deux pays traversent une période de turbulences sans précédent. La décision de Paris de restreindre l’accès au territoire français à certains responsables algériens, annoncée le 25 février 2025, a ravivé les tensions déjà vives entre les deux nations.

Cette mesure, présentée comme une réponse à la nécessité de « défendre les intérêts des Français », intervient dans un contexte de détérioration des relations diplomatiques, marqué par des désaccords profonds sur plusieurs dossiers sensibles.

La reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en 2024 a été perçue comme une provocation par Alger, qui a rappelé son ambassadeur à Paris et annulé une visite officielle du président Abdelmajid Tebboune.

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Les échanges diplomatiques se sont durcis, avec des menaces de recours à un « rapport de force » de la part du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Le président algérien, Abdelmajid Tebboune, a déploré l’absence de dialogue politique.

Dans ce contexte de crise, le président Emmanuel Macron a appelé à un « dialogue exigeant et respectueux », soulignant que seule une collaboration constructive permettrait de surmonter les différends et de rétablir des relations apaisées.