La filière du lait vient de bénéficier d’un apport de 200 milliards de dinars dont 25 milliards sont consacrés au secteur privé.
Accélérateurs économiques, réhabilitation du secteur, promotion de l’investissement privé, et réduction de la facture de l’importation, sont désormais les maîtres-mots du ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche Sid Ahmed Ferrouhki.
«Pour réhabiliter le rôle de l’agriculture et l’intégrer dans l’économie nationale, il faut chercher des accélérateurs de croissance. Auparavant, l’accélérateur de croissance était le soutien (de l’Etat), mais aujourd’hui, ce soutien n’est plus suffisant. Il nous faut désormais un investissement privé massif qui va jouer le rôle de locomotive», explique-t-il. En matière de production de céréales l’Etat s’affaire à attirer le maximum d’industriels privés en mettant à leur disposition toutes les facilitations pour l’obtention des terres et pour les financements, et ce dans le but d’améliorer et d’augmenter sensiblement la productivité.
La nouvelle orientation
Dans ce sens, le ministre considère qu’il n’est plus possible de baser toute une stratégie de relance dans le secteur, sur le seul apport des petites céréalicultures qui demeurent dépendantes de l’aide de l’Etat pour produire, bien que leur rôle n’est plus à démontrer. Il est clair que la nouvelle orientation penche vers la création de partenariats entre les concessionnaires terriens et les industriels détenant des moyens financiers importants pour favoriser la naissance de réseaux à même de lancer des projets de grande envergure, dans le but d’atteindre un niveau de développement élevé.
A ce titre, l’exemple a été donné par certaines wilayas telles que Sétif Guelma et Constantine, où les industriels se sont mis au diapason des agriculteurs, mettant à leur disposition des experts agronomes qui ont introduit des techniques nouvelles de production qui ont le mérite d’engendrer des résultats plus que probants, notamment en matière de qualité du blé. Dans ce sens, le ministre a réuni les professionnels du secteur dans le but de les orienter vers la promotion de cette orientation. «Nous voulons généraliser ce mode de travail», précise le ministre.
D’un autre côté, le ministre déplore la faible production, et le peu de moyens dont disposent les 600 agriculteurs et les 500 minotiers qui n’arrivent pas à impacter de façon significative la production nationale. C’est précisément à ce niveau que les médications prescrites par le ministre de l’Agriculture prennent toute leur importance du fait que l’intervention des industriels s’avèrerait chirurgicale dans le sens où, si ces derniers arrivent à produire leur propre matière première, leur dépendance des importations de l’Etat se réduirait à néant et occasionnerait naturellement une réduction de cette facture.
Dans le même sillage, la filière du lait vint de bénéficier d’un apport de 200 milliards de dinars dont 25 milliards sont consacrés au secteur privé. Et ce en plus des dernières mesures qui, en plus d’une augmentation de 2 dinars sur la subvention de l’Etat sur le sachet de lait, ont pour principale optique de rehausser la production de lait cru et de favoriser l’augmentation de la production fourragère dans le seul but d’éliminer l’épineux obstacle et le leitmotiv des éleveurs bovins, à savoir la disponibilité de l’aliment du bétail.
Dans ce sens, l’Office algérien interprofessionnel des céréales l’Oaic et l’Office national d’aliments du bétail Onab, se chargent sur le terrain d’assurer la promotion de la production fourragère et sa disponibilité auprès des éleveurs, et ce à travers une série de mesures incitatives, telles que la récupération des assiettes agricoles en jachère et leur attribution aux agriculteurs dans le seul but d’encourager l’investissement dans la filière lait, la promotion du crédit «Rfig», et l’accès aux surfaces irriguées du Sud et des Hauts-Plateaux.
Au centre de cette dynamique l’Oaic se chargera de la multiplication des semences importées pour la production fourragère, et assurera leur disponibilité régulière aux agriculteurs. A cela s’ajoutera l’action de l’Onab qui aura pour mission d’acquérir des équipements de haute technologie pour une augmentation de stockage du son de blé et des fourrages, et axera ses efforts également sur la production hydroponique(culture sans sol). Pour leur part, les pouvoirs publics interviendront par la promotion des fermes modernes pour appuyer la production de fourrages et élargira le champ de financement de cette filière apporté par le concours bancaire à l’ensemble des banques.
Les Américains arrivent
Dans ce sens, une première société mixte algéro-américaine vient de voir le jour et réserve une enveloppe de 100 millions de dollars dans le secteur de l’agriculture. Son action sera destinée à la création de fermes laitières, de complexes d’engraissement de bovins, et dans la production de viande, et également dans la production de semences de pommes de terre.
Le complexe sera implanté dans les wilayas de Mascara et de Mostaganem sur une surface de 6000 hectares et entrera en production au 1er trimestre 2016.
L’objectif principal escompté est sans conteste d’arriver dans un délai de cinq ans à 0% d’importation de poudre de lait utilisée dans les produits dérivés.
«Nous pouvons espérer que, d’ici à 2019, la poudre de lait soit utilisée uniquement pour la fabrication du lait pasteurisé conditionné en sachet dont le prix est administré à 25 DA, ce qui nous permettra de ramener les importations à 140.000 tonnes/an contre plus de 300.000 tonnes actuellement, soit une baisse des importations de plus de 53%», précise le ministre.
Par ailleurs, une grande importance est exprimée dans la promotion de la production de la viande rouge et de l’élevage, le ministre de l’Agriculture en a fait l’annonce à partir de la wilaya de Biskra récemment, et précisément de la daïra de Ouled Djellal connue pour la qualité de son élevage de moutons et de sa viande. Elle recèle une capacité de production de viande rouge de l’ordre de 132.700 quintaux /an.
Le ministre insistera sur le rôle indiscutable que jouera cette filière dans la diversification économique, et ce particulièrement par la création d’un label pour cette viande.
La promotion de cette filière aura un impact certain sur la facture d’importation, qui au demeurant ne fait que s’alourdir sous le poids d’importations massives de viandes rouges, notamment congelées, alors que les capacités pour booster sa production locale ne sont plus à contester. Dans ce sens Sid Ahmed Ferroukhi exhorte les professionnels de la filière à fournir plus d’efforts et rappelle qu’«il faut faire un effort pour les viandes rouges. D’autant plus que nous avons les capacités et les produits pour faire l’engraissement des bovins en Algérie et réduire, donc, leur importation».
A cela s’ajoute la filière de la production de la datte Deglet Nour Tolga, qui axée sur le même principe de développement bénéficiera également d’un label de qualité qui fera d’elle le cheval de bataille du secteur de l’économie avec une capacité de production dépassant les 10 millions de quintaux pour l’année 2015 et un impact de 41% sur la production national.