En prenant prétexte de la hausse de la TVA, Silvio Berlusconi a demandé aux cinq ministres du Peuple de la Liberté (PDL) de démissionner du gouvernement en faisant voler en éclats la coalition d’Enrico Letta.
Le «Cavaliere» a franchi le Rubicon. Après avoir soufflé le chaud et le froid pendant deux mois, Silvio Berlusconi s’est résolu, samedi soir, à demander aux ministres du Peuple de la Liberté (PDL) de démissionner du gouvernement. Prétexte invoqué par la porte-parole du numéro deux du gouvernement et principal ministre PDL, Angelino Alfano : l’ «ultimatum» donné par le Président du conseil, Enrico Letta, qui a demandé au parti de centre-droit de lui confirmer son soutien au Parlement.
Silvio Berlusconi invoque aussi la hausse de la TVA au 1er octobre, en «violation du pacte gouvernemental». Mais l’imminence du vote sur la déchéance du mandat de sénateur de Silvio Berlusconi, prévu pour le 4 octobre, au Sénat, à la suite de sa condamnation définitive pour fraude fiscale du 1er août, _et le risque de son arrestation ultérieure dans d’autres affaires pendantes_ ont évidemment largement pesé dans la balance.
«Berlusconi cherche à justifier ce geste insensé et irresponsable, entièrement finalisé à protéger ses intérêts personnels, par l’alibi de la hausse de la TVA, qui est entièrement de sa responsabilité», a dénoncé le Palazzo Chigi, siège du gouvernement, dans un communiqué diffusé en début de soirée. «Les démissions des ministres du PDL n’ont rien à voir avec la TVA mais sont une forme de prise en otage du pays, de sa crédibilité internationale, et de sa situation économique et social par Silvio Berlusconi», a renchéri Gianluca Susta, le Président du groupe Scelta Civica, le mouvement centriste de Mario Monti au Sénat.
Un «acte d’irresponsabilité très grave»
D’autres élus ont immédiatement dénoncé cet «acte d’irresponsabilité très grave» dans une période de graves difficultés où la troisième économie de la zone euro peine encore à sortir de la récession. De son côté, Silvio Berlusconi estime que les «pactes gouvernementaux ont été violés». Malgré les efforts de son entourage, son «éminence grise» Gianni Letta (oncle d’Enrico) et son bras droit dans les affaires, Fedele Confalonieri, pour l’en dissuader, le «Cavaliere» a opté pour la crise gouvernementale en devançant la question de confiance d’Enrico Letta au Parlement. Après avoir en vain attendu un signal de clémence du «Quirinal», le leader du Peuple de la Liberté semble avoir opté pour l’épreuve de force et un éventuel retour aux urnes, même si le Président de la République, Giorgio Napolitano, a clairement exclu une dissolution du Parlement à court terme.
La démission des ministres PDL, cinq mois seulement après l’installation du gouvernement Letta, ouvre une nouvelle période de forte instabilité dans la Péninsule au moment où la reprise économique italienne reste encore plus qu’incertaine. Avec une prévision de recul du PIB de -1,8% en 2013, l’Italie reste le seul pays du G7 en récession sur l’ensemble de l’année selon les dernières prévisions de l’OCDE.
Si la «consigne» du «Cavaliere» devrait marquer la fin imminente du gouvernement Letta I, il n’est pas dit que ce dernier ne puisse pas réussir à se succéder à lui-même grâce à l’appui du nouveau groupe parlementaire centriste du Partito Popolare, en cours de consolidation (45 à 50 sénateurs), prêt à se rallier aux 108 sénateurs du parti démocrate.