Avec 100 milliards de dinars de dommage déboursés en 2015, la branche auto reste le maillon faible des sociétés d’assurances. Au moment où la facture de la branche automobile ne cesse de peser sur le portefeuille des compagnies d’assurances, la collecte de la prime elle, ne cesse de diminuer. Selon Mouloud Abane, conseiller du Pdg de la société algérienne des assurances (SAA), le secteur des assurances tire la sonnette d’alarme et plaide pour l’augmentation des prix de primes.
L’Econews : Quelles sont les retombées de la baisse des importations de véhicules sur votre activité notamment en matière de chiffres?
Mouloud Abane : Effectivement ceci a pesé sur notre rendement en matière de prime d’assurance. Surtout que nous savons tous que la branche la plus déficitaire pour les compagnies d’assurances c’est bien celle de l’automobile. Sur le plan statistique nous pouvons mesurer l’ampleur de dégâts que pose l’accident de voiture si on prend en compte tous les facteurs secondaires. La sinistralité reste toujours en augmentation malgré toutes les mesures de répression prises par les pouvoirs publics. En 2015, la branche auto a enregistré un montant de 100 milliards de dinars de dommages. Ajouté à cela ce que débourse la sécurité sociale et la santé. Se sont ainsi des sommes colossales que dégagent les compagnies d’assurances. Nous étions témoins d’une augmentation de salaires dans plusieurs secteurs sauf dans le nôtre. Les compagnies d’assurances subissent pleinement l’enrichissement de la pièce détachée et le glissement du dinar. La baisse des importations des véhicules influe négativement sur notre gain notamment l’option tous risques. Au moment où la sinistralité augmente la collecte de la prime d’assurance ne cesse de diminuer.
Donc, pour la branche automobile, la SAA a enregistré durant l’exercice 2015, 364 109 sinistres et a réglé 363 928 dossiers avec un montant de plus 15 milliards de dinars. Durant les trois premiers mois de 2016, il a été enregistré un nombre de 87 272 accidents déclarés, et réglé 64 148 dossiers pour une valeur de plus de 3,370 milliards de dinars.
Le dernier chiffre d’affaires de 2015 s’élève à 27, 412 milliards de dinars contre 26, 586 milliards de dinars en 2014 soit une progression de seulement 3,11%. Le CA arrêté jusqu’au mai 2016, lui est estimé à plus de 12 milliards de dinars. Si nous arrivons à maintenir le même niveau des souscriptions jusqu’à la fin de l’année, le chiffre d’affaire de l’année 2016 sera au même seuil que celui de l’année 2015, d’après les prévisions.
Et qu’en est-t-il de votre stratégie commerciale pour séduire plus de clientèle ?
Nous avons dégagé beaucoup de réflexions qui vont dans se sens notamment vers l’amélioration de prise en charge des sinistres. Nous travaillons, par exemple, sur la réduction de délais de remboursement à savoir le traitement de dossiers sinistres. Pour ce faire, nous comptons développer des plates formes régionales de gestion réalisés sous forme de centres de traitement informatisés qui seront liés directement avec l’ensemble de nos agences en liaisons avec des bureaux d’expertises. Nous avons optés également pour des options plus attractives en matière des innovations. Nous offrons des garanties de sortes à s’adapter au pouvoir d’achats des personnes d’un coté et à augmenter le nombre des souscriptions d’un autre coté. Nous avons signé récemment une convention avec Renault qui pourra être généralisée avec d’autres concessionnaires dans l’avenir. C’est une formule de prise en charge du sinistre, ayant l’option tous risques et brise de glace, par le concessionnaire directement. Ce dernier s’occupera de la réparation des dégâts à 100%. La compagnie d’assurance s’en charge par contre de financer les frais. Il s’agit d’une opération pilote que nous avons entamé au niveau de la région de Tizi-Ouzou depuis deux mois. Elle est appelé à être généralisé dans le reste des régions dans les années à venir.
A travers l’ensemble des compagnies, nous essayons de monter un peu de mécanisme pour diminuer l’intensité des sinistres. Accentuer par exemple la fraude à l’assurance, contrôler le chiffrage de la pièce détachée. Il y a aussi l’UAR qui a pris l’initiative de créer le fichier national des conducteurs. Ce dernier permet de pourchasser les mauvais conducteurs. Ce dernier achevé à 90% est toujours en cours d’études. Il reste qu’à la discipline des compagnies d’assurances d’alimenter ce fichier. Il y a aussi le permis à point qui devrait être mis en place aussi vite possible. Nous nous regroupons au niveau du ministère de la justice pour vulgariser tous cela, sensibiliser les magistrats sur le durcissement des sanctions pour les chauffards et avancer dans la recherche sociale.
L’augmentation de tarifs de primes d’assurance est-elle à l’ordre du jour ?
D’ailleurs c’est pour cette raison que nous, compagnies d’assurances, interpellons les pouvoirs publics sur la nécessité de la révision des prix de primes d’assurances vers la hausse. Or, si la tendance baissière de cette branche persiste dans le temps ceci va poser de sérieux problèmes pour les compagnies d’assurances. Ces dernières ont ainsi sollicité la direction générale du trésor auprès du ministère des Finances à travers l’Union national des compagnies d’assurances et de réassurance (UAR). Les pouvoirs publics ont ainsi ouvert une étude de cas sur le niveau de sinistralité observé sur le marché et évaluer combien ceci pèse-t-il sur l’assurance. Et sur la base des résultats de cette étude qui sera décédé sur l’augmentation ou pas des tarifs de branche automobile (prime d’assurance).