Les besoins nationaux en céréales et tout particulièrement en blé dur, de même qu’en poudre de lait, demeurent fortement tributaires des importations, qui couvrent 70% de la consommation locale.
Selon l’ONS, la facture des importations a augmenté de 135,9% durant les dix premiers mois de 2011 pour passer à 2,42 milliards de dollars contre 1,02 milliard de dollars en 2010. En 2012, les importations des biens alimentaires ont atteint environ 9 milliards de dollars dont 50% de céréales et de lait, soit environ 4,5 milliards de dollars. C’est dans ce contexte que s’est tenu le 15e Salon international de l’élevage, de l’agroalimentaire et de l’agroéquipement (Sipsa-Agrofood) qui, selon les organisateurs, aurait réuni 600 exposants, dont 370 étrangers venus de 35 pays avec l’Autriche comme invitée d’honneur. L’édition de cette année s’est focalisée sur la valorisation des produits agricoles et intégrera, pour la première fois, la thématique de l’incitation de “consommer algérien”. Outre les équipements de production et de transformation des produits agricoles, le salon a abrité des espaces de démonstration dont un parc animalier et des stands de dégustation de produits locaux. La fondation Filaha Innov, coorganisateur de ce salon avec la Société algérienne des foires et expositions (Safex) et une société française, a programmé des visites pour de jeunes agriculteurs venus des 48 wilayas afin de découvrir les dernières innovations dans le domaine de l’élevage, de la production et de la transformation.
Faut-il rappeler que lors de la dixième réunion des ministres de l’Agriculture des États membres du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (Cirheam), les responsables algériens avaient affirmé que “l’Algérie produit plus de 70% de ses besoins en produits agricoles… Il faut obligatoirement améliorer la production pour asseoir en priorité la sécurité alimentaire du pays”. Quant aux experts réunis lors du colloque organisé par le FCE autour de la sécurité alimentaire, ils ont tiré la sonnette d’alarme. “Il y va de la sécurité nationale”, selon Omar Ramdane, président d’honneur de cette organisation patronale. L’accent au cours de cette encontre a été particulièrement mis sur les immenses potentialités que recèle le pays, notamment dans les Hauts-Plataux et le Sud, même si les ressources hydriques dans ces régions ne permettent pas l’irrigation de surfaces cultivables de plus de 2000 hectares. En vérité, notre dépendance du marché extérieur des céréales pose avec force la question récurrente de la sécurité alimentaire, maintes fois affirmée par les pouvoirs publics ainsi que les experts des questions agricoles. L’intérêt accru ainsi manifesté pour cette filière est, sans doute, la conséquence directe de la flambée des cours du blé dur sur le marché mondial, qui ont atteint 800 dollars la tonne en 2007-2008. Un tel seuil de prix avait suscité beaucoup de crainte autour notamment de ce qu’il est désormais convenu de qualifier “d’arme alimentaire”. Aussi, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures incitatives pour booster cette filière avec comme objectif l’amélioration des rendements à l’hectare et l’augmentation de la production. Il faut dire qu’en plus des conditions climatiques et pluviométriques, l’introduction de nouvelles techniques phytosanitaires, d’ensemencement, selon le président de la Chambre d’agriculture, et d’emblavement des terres cultivables, ont contribué grandement à la réalisation de ces performances ; ce qui fait dire à de nombreux spécialistes que des possibilités réelles d’amélioration significative de la productivité de la filière céréalière existent effectivement. Si ce salon est une belle opération de marketing, le soleil ne saurait être caché par le tamis. La réalité est là, et à quelques semaines du Ramadhan, la flambée des prix des fruits et légumes, de même que ceux de la volaille, attestent des efforts qui restent à accomplir. Par ailleurs, les pouvoirs publics sont interpellés quant à l’accomplissement de leur mission de régulation du marché et de lutte contre la spéculation et le secteur informel.