Absence de transparence
La situation financière du pays reste très tendue. Les clignotants sont quasiment au rouge : déficit de la balance des paiements, énorme déficit du budget, baisse importante des réserves de change, hausse de l’inflation. Au rythme des dépenses actuelles, le fonds de régulation va fondre comme neige au soleil dès 2017. Plusieurs experts sont sceptiques sur la capacité de l’exécutif à inverser la tendance et à épargner à la population de drastiques mesures d’austérité. Ils entrevoient des solutions qui permettent de renflouer les caisses de l’État et d’atténuer ainsi les effets de la crise sur la majorité des ménages. Mais nos décideurs hésitent à saisir cette perche.
Dans ce climat de scepticisme, le gouvernement se prépare à soumettre la population à une sévère cure d’austérité. L’avant-projet de loi de finances 2017 donne un avant-goût de ces mesures drastiques pour juguler le déficit du budget, alimenter les caisses de l’État en train de se vider : augmentation des taxes, principalement la TVA, augmentation des prix des carburants, des tarifs de transport. La hausse du premier prélèvement obligatoire entraînera une augmentation des prix de l’électricité, des prix des produits de large consommation, notamment les pâtes, les légumes secs, le café, le sucre ainsi que des services comme la téléphonie mobile et l’internet. En un mot, si le Parlement adopte ces dispositions, le pouvoir d’achat de la majorité des ménages sera sérieusement laminé. Tout cela explique pourquoi le gouvernement a concocté dans l’opacité un nouveau modèle économique qui est en fait essentiellement un cadrage budgétaire jusqu’en 2020, se résumant en clair en des restrictions budgétaires.
Ce document dont les détails sont méconnus par la population affiche en somme un plan anti-crise ou une cure d’austérité dont l’avant-projet de loi de finances 2017 constitue l’acte 1 de ce programme. Erreur de gouvernance. Car comment peut-on mobiliser la population, recueillir son adhésion quand celle-ci est mise dans l’ignorance de mesures qui vont dans quelques mois toucher à son porte-monnaie ? Tout cela constitue en réalité une violation d’une orientation du chef de l’État : “Dire la vérité aux citoyens.” Ainsi, si cette tentation de faire passer la pilule à la population n’est pas “calmée”, il est à craindre de fortes turbulences sur le front social.