Adlène Badis
Avec la décision de Belkacem Sahli et Abdelaziz Belaïd de ne pas déposer leurs candidatures au Conseil constitutionnel, l’élection présidentielle est bien arrivée aux limites de ses possibilités. C’est probablement la première fois dans l’histoire du pays qu’une élection présidentielle sera officiellement invalidée faute de candidats.
Cette évolution était déjà dans l’air depuis la convocation du corps électoral par le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah. La situation politique était telle que la possibilité d’un scrutin présidentiel dans les conditions actuelles étaient pour le moins inenvisageables. La majorité des acteurs politiques exprimaient déjà un large scepticisme sur un rendez-vous électoral, censé remettre le pays sur la voie de la légalité institutionnelle après la démission de Bouteflika dans des conditions politiques extrêmes. Le mouvement populaire dans la rue exprimait et exprime toujours un rejet sans concession d’une possible élection présidentielle avec les mêmes personnalités de l’ère Bouteflika. Les slogans rejetant ces élections sont rappelés chaque mardi et vendredi dans les rues du pays, affirmant de fait que les Algériens veulent bien des élections mais dans d’autres conditions que celles qui prévalent actuellement.
La situation dans laquelle devrait se retrouver le pays après l’invalidation de l’option du 4 juillet acte une évolution importante dans la crise actuelle de l’après-Bouteflika. Le passage vers une phase autrement plus complexe, où les textes de loi ne sont plus agissants, ouvre la voie à des scenarü divers mais difficilement imaginables. Le vide constitutionnel dans lequel se retrouverait de fait le pays pourrait bien donner lieu à divers interprétations, afin d’utiliser « l’esprit » d’autres textes qui ont prévu des cas similaires pour pouvoir se sortir de l’impasse.
Aux limites de la Constitution
L’impossibilité de l’élection présidentielle du 4 juillet devrait donc être incessamment actée. Et de fait placerait le pays dans une situation inédite qui n’a pas été prévue par la Constitution qui régit le pays.
Il est évident qu’une annonce de l’impossibilité d’organiser des élections faute de candidats crédibles, ou tout simplement faute de candidats, fera irrémédiablement basculer le pays dans un vide constitutionnel évident.
Le même vide contre lequel l’institution militaire, au travers de son premier responsable le chef d’état-major, n’a cessé d’alerter. L’Armée devrait à l’évidence prendre acte de cette situation et examiner des possibilités nouvelles pour éviter le pire.
Quelles possibilités de transition demeurent éventuelles après l’invalidation d’une présidentielle, qui était en soit une solution d’urgence pour une situation d’impératif ? La situation politique aujourd’hui tend à se compliquer avec un inlassable face-à-face entre le Hirak, exigeant un véritable changement et pas seulement du cosmétique, et le pouvoir qui refuse mordicus de sortir du cadre de la Constitution.
Les propositions pour une transition négociée, avec la participation de personnalités consensuelles, ne sont pas nombreuses en l’état actuel. Le pouvoir pourrait bien se retrouver de facto dans la situation impérative d’y faire appel pour une transition obligée.
L’appel pour un dialogue émis par le trio Taleb Ibrahim-Rachid Benyellès-Ali Yahia Abdennour, que les décideurs semblent avoir ignoré, pourrait bien constituer une esquisse. Dans la conjoncture difficile que vit le pays, il reste néanmoins particulièrement difficile de conjecturer sur l’avenir d’une crise qui ne semble pas arrivée encore à expiration.