La crédibilité du Président tant à l’échelle nationale qu’internationale, est partie telle un feu de paille.
Faut-il tuer le roi pour sauver la révolution? pour reprendre l’expression de Robespierre. Des milliers de Français sont interpellés ou arrêtés, la police française n’a pas à être jalouse de ses anciennes colonies ou de son histoire. Des scènes de réprobation hautement symboliques se multiplient et donnent froid au dos, tant à la présidence qu’aux journalistes! Un pantin à l’effigie d’Emmanuel Macron a été décapité lors d’une manifestation du mouvement des Gilets jaunes mercredi dernier. Et pour cause, la crise est profonde et le désaveu populaire. La situation sociale est déplorable, parti-pris en faveur des riches flagrant, les partis et organisations de masse discrédités, la République dénigrée par celui-là même qui est censée la défendre… «Autant de raisons pour que les citoyens ordinaires se détachent d’abord de la personne qui incarne la fonction politique et dans un deuxième temps de la fonction elle-même!», relève Christian Eckert, député PS et ancien secrétaire d’état au Budget.
Un fossé s’est creusé entre Jupiter et son peuple! La stratégie de Macron de se dire ni de droite ni de gauche, de parler d’un nouveau monde pour lequel il a appelé les Français à se mettre en marche s’est avérée sans consistance, avec «un parti fantôme qui ne débat pas et se résume à un club de supporters». Après «la France est de retour», l’Arc de Triomphe est «souillé». «Aucune cause ne justifie que les forces de l’ordre soient attaquées, que des commerces soient pillés, que des passants ou des journalistes soient menacés, que l’Arc de Triomphe soit souillé», a déclaré le président français de Buenos Aires (Argentine), à la fin du sommet du G20. Des paroles disqualifiées par l’espace même d’où elles ont été prononcées: le club des pays riches, qui ne cesse de tuer la planète et l’humain.
La crédibilité du président tant à l’échelle nationale qu’internationale, est partie telle un feu de paille. A Bruxelles, comme à Washington, le tant attendu leader européen, après (et malgré) le retrait d’Angéla Merkel, n’est que l’ombre de lui-même. Même celui qu’il voyait en allié, voire en ami, Donald Trump, l’abandonne. Il y a des signes qui ne trompent pas, notamment ses piques sur le mouvement des Gilets jaunes et le retrait des USA de la Syrie sans avertir la France.
A partir du Tchad, Emmanuel Macron a affirmé, samedi dernier, lors d’une conférence de presse: «Etre alliés, c’est combattre épaule contre épaule, c’est la chose la plus importante pour un chef d’État et chef des armées. Un allié se doit d’être fiable, se coordonner avec ses autres alliés.» Ce n’est sûrement pas sur ce terrain de la scène internationale, que Macron parviendra à éteindre le feu social et politique qui consume la maison France et à rétablir sa crédibilité.
C’est sûrement sur le terrain social et local que le président français pourrait sauver la face et la République d’un déluge qui risque de secouer toute l’Europe. En commençant par des gestes symboliques et forts. Faire semblant, ne serait-ce que temporairement, de désavouer les riches en ouvrant un débat sur l’impôt sur la fortune pourrait tempérer les ardeurs des plus révoltés. L’implication des partis et des syndicats dans ce genre de débat pourrait donner l’illusion d’une reprise en main de la situation et d’une gestion plus politique de la crise. Des concessions même temporaires en faveur des plus démunies sont urgentes, mettant en cause non seulement le cours ultra-libéral de la politique de Macron, mais aussi toutes les institutions de la République. C’est à ce prix que la crise pourrait être désamorcée.