Situation socio-économique: L’emploi dans tous ses états

Situation socio-économique: L’emploi dans tous ses états

Cheval de bataille du gouvernement et question sur laquelle il est particulièrement attendu, comme l’illustrait d’ailleurs, entre autres, le tout dernier rapport du FMI, l’emploi est l’une des constantes au cœur de la stratégie économique aussi bien de l’actuel exécutif que de ceux qui l’ont précédé.

Des gouvernements qui doivent composer avec une conjoncture pas très facile et dont les retombées ont inévitablement impacté l’emploi et, partant, le chômage chez une population active, au sens de la définition du Bureau international du travail (BIT), qui a atteint près de 12,5 millions de personnes, selon un tout récent rapport de l’Office national des statistiques (ONS).

Un rapport qui révèle que, jusqu’à avril dernier, le taux de participation à la force de travail de la population âgée de 15 ans et plus n’atteint que 41,9% de la population en âge de travailler, soit une quasi-stagnation par rapport au niveau observé en septembre 2017, a encore relevé l’ONS avant de souligner que la situation du marché du travail, en cette période, se caractérise essentiellement par une augmentation de 1% du volume de la population active par rapport à septembre 2017, avec l’arrivée de 128 000 personnes sur le marché de l’emploi. «Cette variation est la résultante de l’augmentation relativement plus importante du volume de la population occupée, avec un solde positif de 190 000 personnes, associée à une baisse du volume de la population à la recherche d’un emploi au cours de cette même période, une diminution de 62 000», expliquent les statisticiens de l’ONS.

De ce rapport, l’on a appris également que la population occupée jusqu’au mois d’avril dernier était estimée à 11 048 000. Ainsi, par rapport à ce qui était le cas jusqu’à septembre 2017, il a été enregistré une augmentation de la main-d’œuvre masculine comparativement à septembre 2017, avec un solde positif de 180 000. Par contre, pour la main-d’œuvre féminine, c’est une quasi-stagnation selon l’étude menée par l’ONS. En conséquence, la part de la main-d’œuvre féminine est passée de 18,1% à 17,9% de la population occupée totale. Un «petit» taux qui ne fait que rapetisser quand on sait que le ratio emploi/population, ou le taux d’emploi, est de 37,2% et parmi ceux-ci que 13,4% de la gent féminine. Une donne sur laquelle s’est attardé le dernier rapport, très alarmiste, du FMI et cela se comprend quand on voit ces statistiques.

Petite éclaircie dans le sombre tableau de la situation socio-économique du pays, la période entre septembre 2017 et avril 2018 a été marquée par une augmentation du volume de l’emploi salarié, notamment le salariat non permanent par rapport à septembre 2017, avec un solde positif de 231 000, mais avec une augmentation moins importante du volume des salariés permanents (51 000), alors que le volume de l’auto-emploi connaît une décroissance de 74 000. De la répartition de l’emploi entre les secteurs d’activité, l’enquête fait ressortir que 17,2% de la main-d’œuvre totale exerce dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, 15,7% dans l’administration publique hors secteur sanitaire, 14,1% dans la santé et l’action sociale et 12% dans le secteur des industries manufacturières. «Des disparités significatives sont observées selon le sexe, puisque 76,2% de l’emploi féminin est concentré dans les secteurs de la santé et l’action sociale, les industries manufacturières et dans l’administration publique», est-il relevé dans le rapport qui nous apprend aussi que le secteur privé s’accapare 63% de l’emploi total, avec un volume de 6 949 000 personnes.

Autre fait ayant attiré l’attention des enquêteurs de l’ONS : l’emploi féminin se démarque par une plus grande concentration dans le secteur public qui absorbe 57,4% de la main-d’œuvre féminine totale. Par ailleurs, pour ce qui concerne le chômage, le nombre de chômeurs, tel que les définit le BIT, est de 1 378 000 personnes, ce qui donne un taux de chômage «officiel» de 11,1% au niveau national, avec une baisse de 0,6 point par rapport à septembre 2017. A se fier à l’étude de l’ONS, le taux de chômage a atteint 9,0% chez les hommes et 19,5% chez les femmes. Des disparités significatives sont observées selon l’âge, le niveau d’instruction et le diplôme obtenu, est-il relevé. Le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) atteint 26,4%, soit un recul de 1,9 point par rapport à septembre 2017. Le recul du taux de chômage a touché d’une manière différenciée la population selon le diplôme obtenu. On enregistre une baisse de 0,2% auprès des personnes sans qualification, alors que le recul est plus prononcé auprès des diplômés de la formation professionnelle et ceux de l’enseignement supérieur, avec une baisse de 1,4 point au cours de la même période.

La répartition des chômeurs selon le diplôme obtenu fait ressortir que 680 000 chômeurs n’ont aucun diplôme, soit près de la moitié de l’ensemble de la population au chômage (49,4%), nous apprend l’ONS. Les diplômés de la formation professionnelle en constituent 25,7%, alors que les diplômés de l’enseignement supérieur sont 24,9%. En moyenne, ils sont près de six chômeurs sur dix qui cherchent un emploi depuis une longue durée. Le rapport relève que «les chômeurs ayant déjà travaillé par le passé sont estimés à 666 000 personnes, formant ainsi 46,5% de la population au chômage, constituée majoritairement d’hommes (74,3%). Les trois quarts de cette population travaillaient comme salariés non permanents et 70,2% étaient dans le secteur privé. A noter que 63% ont quitté leur dernier poste d’emploi pour motifs de fin de contrat, de cessation d’activité ou de licenciement et 60% ont perdu leur emploi depuis moins d’une année».

Quoi qu’il en soit, la situation de l’emploi en Algérie focalise l’attention et ne fait pas, ainsi, l’exception dans le monde, mais comme les toutes dernières «remarques» du FMI suggèrent, il y a de quoi s’attendre à ce que le sujet revienne plus souvent à la une de l’actualité, notamment à partir de 2020, moment où devrait intervenir une «récession» dans l’économie nationale au cas où les autorités publiques ne prennent pas les mesures adéquates pour rectifier le tir dans leur stratégie économique.

Az. Maktour.