Le mouvement des «gilets jaunes», qui vient de boucler ses six mois de contestation sans relâche, n’a pas abandonné la rue ce samedi et ne semble pas renoncer, même si le président Emmanuel Macron a considéré qu’il n’a plus de «débouché politique».
Malgré un recul en matière de mobilisation ces dernières semaines, les «gilets jaunes» ont investi les rues de France pour exprimer leur mécontentement, à une semaine des élections européennes. Selon le ministère de l’Intérieur, il y avait à 14H00 2800 manifestants en France, dont 1100 à Paris. La rue parisienne a également été occupée ce samedi par des manifestants (environ 5600) contre la réforme de l’éducation nationale, examinée actuellement par le Sénat. À Paris, des manifestants chantaient «Même si Macron ne veut pas, nous on est là», scandant des slogans hostiles au groupe pétrolier français Total. Beaucoup de personnes ne viennent plus manifester à Paris arguant qu’il y a «trop de violence». Ils ont préféré investir des ronds-points et exprimer leurs revendications aux automobilistes. En Val-d’Oise, ils ont planté dans un rond-point un olivier pour dénoncer les violences policières. Le mouvement des «gilets jaunes» est né le 17 novembre 2018, suite à un ras-le-bol fiscal affectant essentiellement les prix du carburant, rappelle-t-on. Malgré les mesures apportées par le gouvernement, les prix du carburant sont au même niveau que ceux de novembre dernier.
Dans d’autres villes, les manifestants portaient des pancartes faisant référence aux prochaines élections européennes : «Macron se moque de nos revendications, il veut être président de l’Europe des riches» ou «il ne nous aura pas deux fois, le 26 mai référendum anti Macron». À Dijon, ils ont organisé une assemblée populaire où une centaine de personnes y ont participé avec des prises de parole, selon les médias locaux. On signale à Nancy qu’un drapeau européen a été brûlé dans une situation de tension où les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes. Les revendications portées par les manifestants concernent toujours la revalorisation du pouvoir d’achat et la mise en place du Référendum d’initiative citoyenne (RIC) qui a été d’ailleurs ignoré par les propositions de sortie de crise du président Macron. Vendredi, le président français a invité les «gilets jaunes» à cesser leur mouvement, estimant qu’il n’a «plus de débouché politique».
Il leur a demandé de faire valoir leurs désaccords dans les urnes lors des élections européennes. «J’ai beaucoup de respect pour les femmes et les hommes qui ont essayé, essentiellement il y a six mois, de mettre un gilet pour défendre leur vie, leur dignité, et expliquer que leur vie était devenue impossible ou bloquée», a-t-il dit, estimant que son gouvernement a fait sa part du travail. Par ailleurs, le recensement exclusif sur les violences policières durant les manifestations des «gilets jaunes», travail du journaliste indépendant David Dufresne, fait état dans un bilan provisoire de 795 signalements, un décès, 287 blessures à la tête, 24 personnes éborgnées et 5 mains arrachées. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, établis au 18.05.2019, il y a eu 2 448 blessés, 10 «dommages irrémédiables à l’œil», 8.700 gardes à vue.