La situation économique du pays est au rouge. L’économiste Smaïl Lalmas prévoit un taux de chômage très important dans les jours à venir. Selon lui, la rentrée sociale s’annonce très chaude en raison d’une grave crise économique qui guette le pays. L’économiste appelle à mettre en place en urgence un plan de sauvetage pour éviter le pire.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Le taux de chômage en Algérie qui dépasse déjà les 11% risque encore de connaître une importante hausse. Les raisons ? La situation économique du pays n’est pas des plus confortables. «Les gens ne commercialisent plus leurs productions, il y a un retour de production et ça va conduire à la liquidation des postes d’emplois. Ça a déjà commencé, mais le taux de chômage va encore prendre davantage d’ampleur, personne n’en parle actuellement, car le mouvement populaire fait l’actualité, mais la situation va bientôt dégénérer et le gouvernement ne peut pas agir car il n’a ni de vision ni un plan de sauvetage» prévoit l’économiste Smaïl Lalmas.
Le mouvement populaire est-il derrière cette situation alarmante ? M. Lalmas explique que cette situation économique difficile que traverse le pays actuellement n’est pas due au Hirak. Même si, souligne-t-il, les arrestations récentes des patrons des grandes entreprises, impliqués dans des affaires de corruption, ont eu un impact sur le taux de chômage.
L’économiste explique que la crise a commencé depuis 2018 avec le gel des grands projets. «Le gel des grands projets, décidé en 2018 a impacté négativement les entreprises qui travaillent autour de ces projets et qui se retrouvent sans marchés, ni preneurs pour leur production», dit-il. Actuellement, poursuit-il, la production est très touchée. «Cette situation repousse les investisseurs, il n’y a pas d’investissements, pas de création d’emplois, cette situation va encore aggraver les choses d’ici quelques jours voire quelques mois», prévoit l’économiste qui rappelle que le pouvoir d’achat des Algériens est déjà érodé et le citoyen a du mal à boucler les fins de mois.
Pis, cette crise qui s’annonce, prévoit encore l’économiste, va toucher toute la sphère sociale. Que faire pour changer les choses ? La situation est difficile mais elle n’est pas irrécupérable.
Smaïl Lalmas appelle à prendre des mesures nécessaires pour redonner espoir aux investisseurs. «Il faut donner un message d’espoir et rassurant aux investisseurs locaux, étrangers et à la diaspora pour arrêter cette saignée et redémarrer notre économie» suggère-t-il.
L’économiste estime, cependant, qu’il faut une nouvelle équipe gouvernementale pour gérer la situation. Il propose quatre préalables pour pouvoir booster notre économie, à savoir une équipe compétente, de la crédibilité, de la confiance, un plan de sauvetage, ainsi qu’une vision et une stratégie.
Des mesures, dit-il, qui font «défaut» actuellement. Entretemps, avertit-il, « nous avons tous les ingrédients d’une crise sérieuse qui va fortement impacter le front social à la rentrée qui s’annonce difficile». Selon l’économiste, «nous allons finir l’année 2019 avec des recettes fiscales et des impôts très diminués, la cadence des bénéfices va reculer».
Un déficit, dit-il, terrible, qu’il faudra combler et en l’absence de vrais mécanismes, la seule option qui reste, c’est le recours à la dévaluation du dinar. «Pour combler notre déficit, et en l’absence de change et l’option d’imprimer des billets pour compenser d’une façon artificielle nos recettes budgétaires, le gouvernement va recourir à la dévaluation du dinar», prévoit, enfin, Lalmas.
S. A.