La réalisation des différents programmes de logements en Algérie accuse d’énormes retards. Tous les segments du logement sont en souffrance, que ce soit l’AADL, le LSP, le LPP, social, etc. Sur un total de logements en projet, tous types confondus, seuls quelques-uns sont achevés et la plupart ne sont pas encore distribués. Le comble du paradoxe est que ces bénéficiaires ont commencé d’ores et déjà à rembourser les prêts qu’ils avaient contractés auprès des banques.
Cette situation ne cesse de provoquer la colère des milliers de bénéficiaires de ces logements. En effet, plusieurs chantiers demeurent inachevés à travers le territoire national. Des milliers de logements qui devaient être réceptionnés, il y a des années, selon les délais contractuels fixés par les maîtres d’ouvrages dans de nombreuses wilayas sont en stagnation, cela est imputé notamment au manque de qualification des entreprises chargées de la construction et de la flambée spectaculaire des prix des matériaux de construction. Plusieurs années après leur lancement, pour certains le taux d’avancement est de seulement 50 % à cause d’un manque flagrant de moyens matériels et humains mobilisés par les entreprises chargées de la réalisation.
Des retards attribués aux «défaillances des entreprises de réalisation, aux problèmes du foncier et autres infructuosités des appels d’offres», selon les responsables, et le tout «dans l’opacité totale des procédures suivies par l’administration». Des exemples de retards ne manquent pas, à l’image de la tristement célèbre cité 2684 Logements LSP de Draria, lancé en 2008, le projet fait du surplace. Ainsi les travaux, entrepris par Batigec Immo, puis repris par Condor ont accumulé un énorme retard. Au rythme de l’avancement des travaux, la livraison de ces logements ne sera pas pour demain. Vu l’allure de l’avancement des travaux qui se sont confinés dans une lenteur déconcertante, les bénéficiaires doivent prendre leur mal en patience. La défaillance de ces entrepreneurs a poussé les autorités à sévir. Plusieurs responsables se sont vus promus, mutés ou tout simplement écartés de leurs fonctions.
Ainsi, le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboun a démis de ses fonctions mardi le directeur régional de l’AADL de la wilaya de Ouargla, Dhib Abdelkader, pour «manquement à ses obligations», a indiqué un communiqué du ministère. Le ministre a désigné Benhadjira Slimane comme directeur régional par intérim de l’Agence nationale d’amélioration et de développement du logement (AADL) dudit lieu, a précisé le communiqué. Cette décision fait suite «aux manquements aux obligations et au non accomplissement convenable des missions assignées ainsi que pour le non démarrage à temps des projets programmés pour la wilaya de Ouargla, en plus de la négligence constatée dans l’exécution des tâches». Elle répond également au «souci du ministre de l’Habitat d’imposer le respect des délais de démarrage des projets et de leur achèvement à temps», poursuit le communiqué. Le ministère regrette enfin que le programme AADL 2 pour la wilaya de Ouargla, composé de 2 600 logements, n’a pas démarré à ce jour.
A noter que d’autres responsables ont été sanctionnés auparavent. Tebboune avait procédé au limogeage de 15 directeurs, dont six directeurs d’offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI), quatre directeurs des équipements publics et cinq directeurs du bâtiment, d’urbanisme et d’architecture. Cette large opération de limogeages a comporté trois mises en demeure qui ont été adressées aux directeurs des équipements publics et un blâme à 29 directeurs dont cinq directeurs d’OPGI et deux directeurs d’urbanisme, du bâtiment et des équipements publics et 22 directeurs de l’habitat. Sans oublier Lyès Benidir, DG de l’AADL, qui s’est vu signifier une mise à l’écart en bonne et due forme de la part de sa tutelle.
Meriem Benchaouia.