Société des courses hippiques et du pari mutuel : Bientôt la banqueroute totale

Société des courses hippiques et du pari mutuel : Bientôt la banqueroute totale

Dans son édition du mercredi 9 janvier courant, Le Courrier d’Algérie avait évoqué dans un long papier, premier d’une série d’articles, les nombreuses malversations commises au niveau des agences du PMU, couvertes et passées sous silence aussi bien par les différents responsables de cette entreprise publique que par le syndicat UGTA qui compte parmi les auteurs de ces méfaits de nombreux cadres.

Dans cette livraison, nous allons décortiquer les dettes de la SCHPM et mettre en lumière les pratiques malsaines dans la gestion du fonds des œuvres sociales et par conséquent, descendre en flèche les mensonges éhontés que propage le syndicat auprès des travailleurs et de certains « cadres » nouvellement promus dans le but d’apporter un soutien à l’actuel directeur général, perdu dans sa gestion hasardeuse et quasiment hypnotisé par le secrétaire général de la section syndicale d’entreprise.

Une dette de 10 milliards à combler

Au 31 décembre 2018, le montant de la dette de cet exercice s’élève, à minima, à 53 millions de DA. Sachant que le bilan précédent présentait déjà un solde négatif de plus de 51millions de DA, il s’avère que la nouvelle Direction est dans l’obligation de combler un trou de plus de 10 milliards de centimes afin d’assurer une balance des paiements. Ce qui n’est pas une sinécure au regard des capacités managériales dont est dépourvues Othmane Benslimane qui a étalé, en l’espace de quelques mois, toute son ignorance de la gestion, distribuant à tire-larigot les promotions et les rétrogradations selon les convenances et les désiratas de ses mentors, laissant le sort de cette entreprise publique agonisante aux mains d’un syndicat malfaisant comme nous allons le montrer dans les lignes qui suivent, documents à l’appui.

Ainsi donc, en examinant la structure de la dette de l’exercice 2018, il en ressort que la recette des impôts de Hussein-Dey n’a pas été acquittée. Son dû avoisine les 12 millions de dinars tandis que celui de la CNAS était, au mois de novembre 2018, de plus de 180 millions de centimes. À côté de cela, les différents fournisseurs et autres prestataires n’ont pas encore été payés, à l’image de la Sonelgaz, de l’imprimerie Simpral et de l’entreprise postale EMS. Le montant global de leur dette tourne autour de 140 millions de centimes. Deux autres fournisseurs importants de la SCHPM, qui attendent toujours d’être rémunérés, ne sont autres que les imprimeurs qui fournissent les carnets indispensables aux paris sur les courses.

Sans carnets, pas d’enjeux, donc pas de courses. Ils réclament, ainsi, la somme de 6 318 000,00 DA. Idem pour la fédération équestre algérienne qui n’a pas touché un centime depuis le mois de juin 2018, ce qui la laisse en attente de la bagatelle de près de 1 milliard de centimes. Même les récents retraités de la SCHPM n’ont pas échappé à cette disette maudite. Le montant de leur STC (Solde de tout compte) s’élève à environ 2,2 millions de dinars. Dans ce lot de victimes, figurent également certains parieurs qui ont obtenu la combinaison gagnante mais qui, malheureusement, n’ont pas encore eu le plaisir de goûter au fruit de leur réussite: 3,7 millions de dinars.

Ahurissant! On continue de plumer le parieur et même lorsqu’il trouve le sésame, il doit subir les affres de la mauvaise gestion des responsables de la SCHPM. Ce cas est similaire à celui des propriétaires de chevaux de course de la région d’El Eulma qui a servi comme budget de fonctionnement à l’hippodrome. Plus de 120 millions de centimes, tel est le montant de ces primes des propriétaires utilisé abusivement par la SCHPM à des fins inutiles( réparation du véhicule du directeur de l’hippodrome, paiement des quittances de l’électricité, etc…), au mépris de la loi et même des règles de bienséance. Et, the last but not the least, l’argent prélevé indûment par les responsables de la SCHPM de ce qui est appelé communément le compte dotations et qui avoisine 1,5 milliards de centimes.

En fait, ce compte a été ouvert suite à un accord passé, début 2015, par les propriétaires de chevaux de courses et des responsables du ministère de l’agriculture, du développement rural et de la pêche et consistant à défalquer la somme de 40 000,00 DA des dotations allouées aux courses en les reversant dans ce compte aux fins exclusives de prise en charge de la réfection des pistes sur les différents hippodromes du pays. Ce compte a été totalement vidé, aujourd’hui. Il se trouve que, présentement, les propriétaires sont rémunérés à la tire boulette avec un mois de retard pour les hippodromes les plus nantis et le sort de la paie des travailleurs est laissé au petit bonheur la chance, une situation inédite depuis l’arrivée de Othmane Benslimane à la tête de la SCHPM.

Le syndicat des affaires … à refaire

Les chiffres sont implacables. Les tournées à l’intérieur du pays orchestrées par le secrétaire général du syndicat d’entreprise, Djamel Oudafel, afin de susciter la sympathie et le soutien des travailleurs au directeur général de la SCHPM ne sont que de la poudre aux yeux. Les travailleurs ne sont pas dupes et connaissent parfaitement les agissements de ce responsable syndical. Un simple coup d’oeil à sa fiche de synthèse ou de carrière laisse sans voix les plus téméraires: à trois reprises, Djamel Oudafel a été rayé des listes de la SCHPM et autant de fois réintégré.

Du jamais vu dans les annales du monde du travail ou de l’univers syndical! Détaillons: Recruté comme agent administratif le 21 juillet 1990, il est suspendu de ses fonctions de chef de section sociale et traduit devant la commission de discipline le 21 octobre 2001 pour se voir réintégré à son poste sur intervention de la Fédération nationale des travailleurs du secteur agricole en date du 20 novembre 2001. Le 16 avril 2002, il récidive une première fois et se voit simplement rayé des effectifs de la SCHPM, puis … réintégré.

Une seconde récidive lui vaudra une suspension de ses fonctions pour se voir encore une fois rayé des effectifs de la SCHPM en date du 15 mai 2005. Sur intervention de Mohamed Lalioui, le patron de l’UNPA, il récupérera son poste de travail le 11 septembre 2006. Sa troisième incartade survenue le 24 février 2015 est également sans appel: rayé des effectifs de la société. Toutes les sanctions citées plus haut ont été énoncées suite à la réunion de la commission de discipline conformément à la réglementation en vigueur. Et toutes étaient motivées pareillement: absences répétées et abandon de poste.

Et on appelle cela du syndicalisme! Néanmoins, il sera réintégré en date du 28 mars 2015. Et en juin de la même année, il touchera son solde de tout compte d’un montant de 81 948,36 payé par chèque BADR N° 3488260. Allez comprendre quelque chose! C’est grâce à la connivence du DG de cette époque que ce tour de passe-passe a pu avoir lieu. Et les connivences sont nombreuses comme cela apparaît clairement dans la gestion du fonds des œuvres sociales de la SCHPM.

Là, c’est le summum de l’opacité, des magouilles et des passe-droit les plus condamnables. à la lecture d’un état de rapprochement du compte des œuvres sociales pour l’année 2017, une anomalie gravissime saute aux yeux: le 28 août 2017, Djamel Oudafel, secrétaire général du syndicat d’entreprise UGTA, empoche le montant d’un chèque établi en son nom d’un montant de 130 millions de centimes! Une somme astronomique quand on sait que ce compte est crédité mensuellement d’une quote-part ne dépassant pas les 50 millions de centimes.

De quel droit peut-il se prévaloir dans ce cas de figure pour user et abuser de sa position? Une société à l’agonie peut-elle se permettre ce genre d’écart même si la perception de cette somme collossale coincide avec la période du mariage du secrétaire général du syndicat d’entreprise? Est-ce un prêt social? Non, au vu de la proportion de la somme, d’autant qu’à fortiori, aucun remboursement n’a été effectué à l’heure où ces lignes sont rédigées. Vol, détournement ou dilapidation, c’est à la justice, qui sera destinataire d’un dossier complet, de qualifier la nature exacte de l’acte dénoncé dans ces colonnes. Othmane Benslimane, l’actuel DG de la SCHPM, n’est pas sans connaître cette affaire dans ses plus pointus détails.

Pour preuve, en novembre dernier, lors d’une réunion des cadres dirigeants et pour calmer les ardeurs du directeur des finances et de la comptabilité qui s’est montré intransigeant quant à la presentation du bilan du compte des œuvres sociales, il demanda au secrétaire général du syndicat d’entreprise UGTA de soumettre le bilan en question pour l’exercice 2017 comme gage de garantie afin de pouvoir continuer d’alimenter le compte en question. Un véritable numéro de cirque. Cela n’empêcha pas Benslimane de verser la quote-part du mois de novembre comme si de rien n’était alors qu’aucun brin de bilan ne se profila à l’horizon.

Déjà le 02 juillet 2018, le DFC d’alors, M.Yahou, rappela à son DG, Ahmed Rayane, d’ intervenir auprès du président de la commission des œuvres sociales afin de transmettre à la direction des finances et de la comptabilitéle le bilan 2017 des oeuvres sociales ». À ce jour le statu quo persiste.

21 millions de centimes offerts en matériel d’équitation

Il est plus qu’intéressant de savoir la position de la Fédération UGTA et même de la centrale syndicale dans ce cas d’espèce, et ces royalties empochées par le secrétaire général du syndicat d’entreprise, Djamel Oudafel. Complices ou complaisantes? Ou tout simplement, pas au courant de la chose ? L’avenir le dira.

Comme il nous éclairera sur une autre affaire, celle relative à l’achat de deux lots de matériel d’équitation d’une valeur de 21 millions de centimes et sur le nom des récipiendaires. Le matériel en question consiste notamment en 2 selles, 2 casques pour jockey et cavalier, 2 bridons en cuir, 2 cravaches, 2 mors, 2 paires de gants et 2 paires de bottes. Qui a ordonné l’achat de ce matériel? Il est clair que la connivence entre l’ex-DG Ahmed Rayane et le syndicat d’entreprise UGTA n’est pas étrangère à cet abus de biens sociaux.

Un autre regard sur l’état de rapprochement du compte des oeuvres sociales pour l’exercice 2017 laisse apparaître la réponse à la question précédente. Le 4 juin 2017, ce compte est crédité bizarrement de la somme de 21 millions de centimes le même jour où la quote- part des oeuvres sociales y est versée. La direction, ayant probablement voulu dégager sa responsabilité au sujet de cet achat de matériel, a tenté de manipuler les responsables syndicaux en leur attribuant l’opération en question sur le fonds social. Grossière manipulation puisque la lecture de l’état de rapprochement fait apparaître, à la lumière du jour, cette faille immense. Quelqu’un peut-il nous éclairer sur la destination de ce matériel? Les travailleurs sont-ils au courant de cette offrande ignominieuse?

Pour dire que la philosophie de ce syndicat d’entreprise est aux antipodes des valeurs syndicales et de la défense des intérêts des travailleurs puisqu’il s’en met plein les poches en faisant dans le clientélisme primaire sans se soucier du devenir de cette entreprise qui n’arrive même plus à payer le solde de tout compte de ses retraités. L’état de catastrophe financière de la SCHPM doit être immédiatement déclaré par les plus hautes instances du pays à commencer par le ministère de tutelle qui semble dépassé par la situation au point de laisser à son poste un directeur général, juste bon à tenir une conciergerie, qui bafoue la réglementation en vigueur comme bon lui semble, encourageant les dilapidations (Voir encadré) dans une impunité totale.

Ali Douib (À suivre)

Benslimane dissout la commission de reconstitution des recettes

Dans notre édition du mercredi 9 janvier, nous avions donné de larges détails sur les malversations et les détournements dont se rendent coupables des agents et des cadres du Pari mutuel urbain, une structure sensible de la SCHPM, sans que personne, au niveau de la direction, ne lève le petit doigt. Ces agissements, étayés par des rapports dûment établis par le responsable de la reconstitution des recettes, ont mis en lumière la collusion entre les différents responsables de la SCHPM et ceux du syndicat d’entreprise.

À peine 24 heures après la publication de ces révélations, Othmane Benslimane n’a rien trouvé de mieux, pour protéger les malfaisants, que de limoger le responsable de la cellule de reconstitution des recettes et en l’affectant à la Direction des infrastructures de la SCHPM pour ensuite dissoudre purement et simplement la structure en question. Peut-on se targuer de lutter contre le vol et la dilapidation en dissolvant une structure qui était le vigile de la SCHPM au niveau du PMU?

La question reste posée qui indique tout l’encouragement dont bénéfice la gabégie au sein de cette entreprise publique depuis l’avènement de Othmane Benslimane à sa tête. Aucun directeur général n’avait auparavant touché à cette structure qui, bon gré mal gré, dissuadait un tant soit peu certains agents indélicats de piquer dans les caisses du PMU.

A. D.