PARIS- Z’hour et Amel, deux destins se sont rencontrés un jour à Lakhdaria (80 km à l’est d’Alger) dans une pouponnière pour former une relation forte entre une femme battante et une fille marquée physiquement dès sa naissance.
La femme Z’hour Nafaâ (58 ans), fondatrice dans la région parisienne de l’association humanitaire « Tendre La Main » qui s’est dévouée totalement à l’humanitaire, depuis son arrivée en France en 1982, en faveur des Algériens malades transférés en France ou de ceux qui ne peuvent pas y aller.
Dans ses multiples va-et-vient entre la France et l’Algérie, un jour en se rendant dans un centre d’accueil des enfants démunies de Lakhdaria (ville natale) pour offrir des aides pour les enfants, elle aperçut une petite fille abandonnée par ses parents pour cause : elle n’était pas comme les autres.
Livrée à son destin, la fille n’avait pas, à sa naissance, pris toutes les formes physionomiques d’un bébé normal et complet. Elle est née sans nez avec un visage complètement défiguré et ne voit pas.
« C’est-là où quelque chose s’est déroulée en moi, je voulais prendre en charge cet enfant », confie à l’APS Z’hour, ajoutant que « mon objectif est de combattre le désespoir, tant qu’il y a la vie ».
« Il fallait toute une procédure judiciaire, avec le consentement de ses parents que le juge a convoqués, et une décision de justice pour adopter et prendre avec moi en France Amel » (« Espoir », le prénom qu’elle a donné à la fille), a raconté cette femme courage qui a noué, grâce à ses actions humanitaires, d’excellentes relations avec de très nombreux membres du corps médical, tant en France qu’en Algérie.
Un combat continu
Une fois en France, elle plaça la fille dans un hôpital de Paris (Necker) qui lui réclama la maudite somme de 40.000 euros pour des opérations délicates sur le visage afin que la fille « retrouve un visage humain », dont les photos « douloureuses » sont publiés sur le site (//www.tendrelamain.com/amel-medical)
C’est grâce à son réseau de bénévolat et de solidarité, constitué généralement de personnes d’origine algérienne, qu’elle a pu collecter ce budget et dispenser à sa « fille » des soins nécessaires. « Amel, une fille très intelligente, vivait pratiquement à l’hôpital. Elle s’est habituée à la vie interne de l’hôpital.
je la ramène chez moi, elle parle comme les grandes personnes tellement elle a côtoyé les soignantes et les aides-soignantes », a-t-elle dit, mais une autre aventure attendait Z’hour.
« Il fallait inscrire Amel dans une école appropriée. Je ne vais pas la laisser sans éducation », a-t-elle souligné, racontant qu’elle avait frappé à toutes les portes mais vu l’état de la fille aucune institution éducative ne voulait l’inscrire.
« Mon combat continuait et je n’ai pas abandonné jusqu’au jour où j’ai recontacté une école – et Allah fait si bien les choses û on a accepté de l’inscrire à condition que je reste à l’école de 8h00 et 17h00 », a raconté Z’hour qui était obligé à chaque sortie d’Amel de lui bander tout le visage afin d’éviter les regards des gens.
Sa fierté c’est qu’on lui dise à l’école, après plusieurs années de scolarité (environ 6 ans), « merci de nous avoir amené Amel à cette école ». Elle le sait, son combat ne s’arrête pas là avec Amel qui lui répète que la maman « ce n’est pas seulement celle qui enfante, mais c’est celle qui éduque et prend en charge convenablement +son+ enfant ».
Dans le cadre de ses activités au sein de l’association, Mme Z’hour Nafaâ collecte des dons et des produits (médicaux, paramédicaux et équipements) pour les besoins des Algériens, rend visite aux malades algériens qui ne sont pas accompagnés dans les hôpitaux en France et accompagne des médecins français bénévoles pour des consultations et formations dans les hôpitaux algériens.
Son association, qui a reçu son agrément en Algérie en 2013, est conventionnée avec les hôpitaux Saint-Louis, Lariboisière, Raymond Poincaré, le Rosier Rouge, Fosh et Necker.