A l’évidence, si cette demande a été faite par le garde des Sceaux, il y a certainement des dossiers de corruption autrement plus lourds dans lesquels il serait impliqué.
Le bureau politique du FLN tranchera aujourd’hui, le sort de Mohamed Djemaï à la tête du FLN. Une démission presque acquise aux yeux des militants et dirigeants du FLN déjà suffisamment affaibli et qui ne peut se permettre encore un autre SG qui a des démêlés avec la justice. Hier, le siège du parti majoritaire à Hydra a connu un mouvement inhabituel puisqu’il a vu défiler d’anciens hauts cadres du parti dont l’ancien président Abdelaziz Ziari. Dans les coulisses on avance le nom de Salah Goudjil qui prendra l’intérim du parti en attendant le réunion du comité central et l’élection d’un nouveau secrétaire général.
Il semblait trop presser d’y arriver, le futur ex- secrétaire général du FLN, Mohamed Djemaï. Homme d’affaires à la fortune colossale, il s’est incrusté dans le monde politique pour plus d’influence dans les hautes sphères du pouvoir. Ayant caressé, pendant longtemps, le rêve de devenir ministre sous l’ère de l’ex-président Bouteflika, il a cru voir son étoile briller en surfant sur la vague du Hirak. Mais c’était juste un effet d’optique. Après s’être acharné contre Bouchareb qu’il a dégommé du FLN et de l’APN, il prend les rênes du vieux parti et s’est vu troisième homme de l’Etat, comme président de l’Assemblée populaire nationale. Pour lui signifier le désaveu et que ses jours sont comptés, on lui a choisi, Slimane Chenine, un député sorti du chapeau. Djemaï n’a pas su décrypter le message et le voilà au creux de la vague. L’APN a engagé, la procédure de levée de l’immunité parlementaire de Mohamed Djemaï, suite à une demande introduite par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati. Incroyable retournement de situation pour un homme qui, il y a à peine 48 heures chantait les vertus du dialogue, de la nécessité d’une élection présidentielle urgente pour sauver le pays. Il multiplie les errements politiques, les déclarations hasardeuses et parfois insultantes envers ses concitoyens. C’est exactement ce qu’il reprochait violemment à son prédécesseur Mouad Bouchareb. Réunissant il y a quelques jours, des députés de son groupe parlementaire, Djemaï leur a demandé de faire des propositions de loi pour juguler davantage les réseaux sociaux qui à ses yeux « colportent des rumeurs au sujet de personnes honnêtes les qualifiant de corrompues ». Il ajoute que ceux qui osent s’attaquer au FLN « sont des ennemis de l’Algérie qui veulent sa chute et la transformer comme l’Irak, la Syrie ou la Libye ».
Il aggrave son cas en soutenant publiquement sur la chaîne Echorouk Tv que sa famille est la seule et unique à ne pas s’adonner à la contrebande à Tébessa, wilaya frontalière avec la Tunisie. Il ne s’agissait pas de propos déformés, mais de paroles énoncées clairement et avec suffisance. « Tous contrebandiers sauf moi ! ».
On est au summum de l’insanité et de la bêtise. Comment accuser sans sourciller tout une wilaya de contrebandiers ? Ce grave dérapage passera-t-il inaperçu ? Il doit certainement répondre de ce fait et d’autres encore devant la justice qui vient de demander la levée de son immunité parlementaire. A l’évidence, si cette demande a été faite par le garde des Sceaux, il y a certainement des dossiers de corruption autrement plus lourds dans lesquels il serait impliqué.