Motivés par les longues souffrances et le vain combat de leur collègue Adsou Abdelaziz, décédé il y a quelques jours à Annaba, sans avoir pu réaliser son rêve — être confirmé dans son poste — un groupe de travailleurs représentant les 12 000 contractuels chargés de la sécurité interne, dans une longue lettre adressée à notre rédaction, dénonce la politique de discrimination et de marginalisation appliquée à leur égard par leur employeur, la compagnie nationale Sonatrach.
Selon le document, ces 12 000 agents assurent la sécurité des sites de production, des canalisations ainsi que de l’ensemble du patrimoine de la compagnie, notamment à Alger, Biskra, Béjaïa, Tébessa, Skikda et au Sud (Hassi R’mel, Hassi Messaoud, Touggourt).
Ils ont été recrutés avec titre de contrat à durée déterminée (CDD) sous la tutelle de la direction sécurité et patrimoine (DSP), une entité créée fin 1995 sur arrêté ministériel à la suite de la dégradation de la situation sécuritaire, c’est-à-dire durant les années de braise qu’a connues le pays, indiquent-ils. Depuis cette date, leurs maintes démarches effectuées auprès de tous les responsables hiérarchiques de Sonatrach, pour une éventuelle confirmation à leur poste de travail, sont restées vaines. La lettre fait ainsi ressortir que les 12 000 agents de la sécurité interne sont liés à leur employeur par des CDD de 6 mois pour le département production et de 12 mois pour celui du transport par canalisation.C’est dire toute l’angoisse qui s’empare de ces 12 000 agents à chaque fin de contrat. « Le dernier d’entre nous a plus de 10 ans de loyaux services à Sonatrach. Au terme de chaque contrat, il nous est demandé de fournir un nouveau dossier administratif pour se voir renouveler notre contrat. Par une simple opération de calcul, au total chaque agent dispose d’au moins 30 et 15 dossiers au niveau des deux départements production et transport, et ce, de 1995 à 2009 », s’indignent les auteurs du document. Leurs péripéties ne s’arrêtent pas là. Le renouvellement de leur contrat est assujetti aux résultats d’examens de santé approfondis auxquels ils sont soumis, mettant à chaque fois leur patience à rude épreuve. C’est du moins ce qu’ils laissent comprendre lorsqu’ils affirment qu’« après la fin de la durée du contrat, chacun de nous est soumis à de profonds examens médicaux pour être reconduit ou non dans sa fonction.
S’il s’avère être atteint d’une quelconque maladie, il est automatiquement mis au chômage même s’il a derrière lui 10 à 15 ans de service ». Toujours d’après le document, les maladies les plus répandues parmi ces effectifs sont le diabète, l’hypertension et surtout le cancer. Des maladies dues souvent au stress, aux dures conditions de vie, à l’éloignement, à l’injustice et à la discrimination en termes de droits et d’avantages dont ils sont l’objet comparativement à leurs collègues permanents. Cette discrimination est, à titre d’exemple, clairement affichée dans la nouvelle grille des salaires mise en application depuis le 1er juillet 2007 où à l’exception des personnels contractuels de la DSP, tous les travailleurs ont bénéficié d’une augmentation de salaire ainsi que de substantiels rappels, précisent les représentants des 12 000 agents de sécurité interne de Sonatrach qui s’estiment injustement lésés dans leurs droits. Eux qui ont toujours veillé à la protection et à la préservation des biens et des personnes des différentes infrastructures de base sensibles de la compagnie, si l’on reprend leurs propres propos. Pire, dans la même lettre, ils font état de leur privation de jouissance de l’assurance vie, malgré leur exposition aux mêmes dangers de mort que leurs collègues permanents et ce conformément au contrat liant Sonatrach à la compagnie d’assurances et de réassurance CAAR. « Après avoir vainement frappé à toutes les portes pour faire entendre notre voix, nous avons décidé de nous adresser à votre journal, qui a été d’un grand apport dans le dénouement favorable de la situation professionnelle de plusieurs cas similaires au nôtre dont celui des 120 agents de sécurité interne contractuels de Fertial », concluent les auteurs et signataires de la lettre.