Ghellab Chahinez
Après plus de 43 jours de grève, la crise semble prendre une tournure sans issue.
Les grévistes, dans les trois bases implantées dans le Grand-Sud, menacent d’escalade alors que l’administration, dans un communiqué publié le 10 juin 2019, met en garde les travailleurs s’ils maintiennent leur intransigeance et menace de recourir à la justice et d’appliquer les mesures organisationnelles appropriées dans ce genre de situation.
A leur tour, les travailleurs en grève ont répondu, le même jour, à ce communiqué à travers un courrier destiné au Président directeur général de l’ENGTP. Ils y ont dénoncé les avertissements publiés après chaque réunion par l’administration centrale de Réghaïa, et qui ne sont pas dépourvus de menaces contre les grévistes, et qui reflètent clairement les mauvaises intentions et l’arbitrage de cette dernière devant la situation critique. Ils l’accusent surtout de ne pas prioriser l’intérêt général du pays en refusant de répondre aux revendications « adoptées » par l’entreprise mère. C’est, selon eux, ce qui a fait durer la crise. Les travailleurs ont appelé dans ce courrier le directeur général du Groupe Sonatrach à intervenir pour assurer la continuité de l’entreprise et maintenir les 12 000 ménages menacés de pauvreté. Ils ont également appelé les autorités supérieures à intervenir pour résoudre la crise définitivement afin de sauver l’entreprise.
Dans une tentative pour résoudre le conflit, une assemblée s’est tenue, samedi 1er juin 2019 dans les bases de vie Irara et LPG appartenant à l’ENGTP, avec les travailleurs des deux bases de vie en présence du secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTPGC), l’Union de wilaya UGTA de Ouargla, le secrétaire général du Syndicat national du GTP, de l’Inspecteur de travail de Hassi Messaoud, représentant le wali de Ouargla, le secrétaire général de l’union locale par intérim de Hassi Messaoud en plus des membres du secrétariat de wilaya. Les négociations n’ont abouti à aucun accord, a affirmé le secrétaire général de la FNTPGC, dans un communiqué collectif publié le 3 juin 2019. Ce dernier a été chargé par le Président-directeur général de Sonatrach d’écouter les revendications des travailleurs et de lui transmettre leurs préoccupations dans le but de résoudre le conflit entre l’administration et les travailleurs, a-t-il souligné.
Le secrétaire général a dénoncé les agissements arbitraires de l’administration du GTP. Des efforts, selon lui, qui ont failli aboutir à un consensus et mettre un terme à la grève et conduit à la reprise du travail, ont été entravés par les agissements irresponsables de l’administration du GTP qui a procédé, d’abord, à la fermeture des bases de vie en début de Ramadhan puis des restaurants en plein mois de jeûne privant des centaines d’employés même d’eau, dévoile le secrétaire général dans son communiqué. Le débat a permis aux représentants des employés d’exposer leurs préoccupations et remarques sur leur administration avec laquelle ils sont en litige, à savoir les décisions arbitraires, despotiques et irresponsables de l’ENGTP, concernant la fermeture du restaurant au début du Ramadhan et au 27e jour du même mois, ce qu’ils considèrent comme une provocation directe et ouverte, avait-il souligné.
L’inertie de l’administration, la non-intervention de l’employeur pour écouter et satisfaire les revendications des salariés un mois après le début de la grève, les conditions lamentables dans lesquelles vivent les travailleurs au niveau des bases de vie – et que l’administration n’a point bougé pour les améliorer – et ne pas déterminer un délai pour le début de l’application des principales revendications, soulevées à travers les précédents P-V, ont enflammé le conflit. La privation arbitraire et illégale des grévistes de leurs salaires et de leurs indemnisations a recentré davantage la souffrance des employés en les privant des joies de l’Aïd. Les grévistes ont dressé une plateforme « écrite » de leurs revendications à remettre au P-DG de Sonatrach, avec en plus la demande du départ de ceux qui ont été responsables de cette crise, à leur tête le directeur général du GTP, Mekhnache, ajoute ce dernier.
Le secrétaire général de la Fédération et le représentant du wali étaient unanimes sur le manquement de l’administration à ses devoirs en ne prenant pas contact, dès le début de la crise, avec les grévistes afin de contenir leur colère et avant que la situation ne se complique et refusent tous les comportements provocateurs qui ont compliqué la situation.
Le secrétaire général de la FNTPGC a appelé dans ce courrier à faire « prévaloir l’intérêt général et à privilégier le dialogue calme pour parvenir à une solution qui satisfasse toutes les parties ». Tout en s’engageant à remettre la plateforme des revendications à l’administration du groupe Sonatrach, il a souligné dans ce contexte qu’il se peut que certaines revendications seront satisfaites et d’autres vont être retardées, les invitant de bien étudier ce point pour éviter que la crise ne s’aggrave davantage.
Une visite des locaux des bases d’Irara et LPG, où ils ont pu constater par eux-mêmes, les conditions lamentables et catastrophiques dans lesquelles vivent les travailleurs, notamment les conditions d’hébergement, de séjours, de restauration et d’hygiène mais encore, l’absence d’éclairage et de sanitaires. Une situation qui nécessite, selon eux, une intervention urgente.