L’enjeu est le maintien ou non de la dynamique actuelle en matière de croissance de la production d’hydrocarbures et d’augmentation des réserves de pétrole et de gaz.
Le climat au sein de la compagnie pétrolière nationale est à l’inquiétude. “Les troupes sont démobilisées”, a confié un cadre supérieur à Sonatrach. Ce dernier a ajouté que des changements vont sans doute intervenir et que les cadres les plus dynamiques risquent d’être les victimes de nouvelles désignations à la tête de divisions ou de sous-divisions de la compagnie pétrolière nationale.
À notre connaissance, le nouveau patron n’a pas encore rassuré les cadres et encore moins exposé sa feuille de route. Comme à l’accoutumée, le nouveau P-DG de Sonatrach commencera, sans doute, par nommer une nouvelle équipe au sein du staff dirigeant. Sera-t-elle à la hauteur des défis qui l’attendent ?
L’enjeu principal est de maintenir la dynamique actuelle en termes de croissance de production et des réserves d’hydrocarbures, d’amorcer le développement de la pétrochimie et de faire face aux menaces : la remise en cause des contrats gaziers à long terme, les issues des contentieux avec certaines compagnies internationales…
Si les choix d’Ould Kaddour s’avèrent contestés et contestables, si les responsables qui ont fait leurs preuves et si le middle management ne sont pas stabilisés, on assistera à une autre perte de substance après l’hémorragie de l’expertise qu’a connue Sonatrach depuis 2010. En dépit de toute cette saignée, des cadres compétents, certes, pas en nombre suffisant, existent à Sonatrach. Mais ils risquent de se démobiliser, voire de quitter la compagnie. Tel est le danger.
Un grand chantier : l’amélioration du taux de récupération du champ de Hassi-Messaoud
Plus précisément, dans l’amont, Sonatrach compte investir 50 milliards de dollars entre 2017-2021, dont 9 dans l’exploration. Entretenir cette dynamique, c’est aller au delà des progrès réalisés : une capacité supplémentaire de production de pétrole brut de 110 000 barils/jour, 4 milliards de mètres cubes/an de gaz disponible à court terme et 30 milliards de mètres cubes/an de gaz entre 2018 et 2019, suivant le bilan du prédécesseur.
Mais, également, confirmer des ressources importantes en hydrocarbures : tight oil et tight gas (reservoirs compacts) que recèle le Sud-Est algérien. L’autre gros morceau est l’amélioration du taux de récupération des gisements anciens, notamment du gisement du champ de pétrole Hassi-Messaoud.
“L’Algérie a consommé environ 15% des quantités de pétrole emmagasinées dans ce champ. Les réserves en place sont estimées à 49 milliards de barils (7 milliards de tonnes de pétrole : on en a consommé 15%). On peut aller à un taux de récupération de 30 à 35%, contre 22-23% actuellement. Le champ produit actuellement 18 millions de tonnes de pétrole annuellement. On peut tirer de ce champ 20 millions de tonnes de pétrole annuellement pendant encore 30 à 40 ans” , indique un spécialiste de Sonatrach.
Encore faut-il une mobilisation des cadres de Sonatrach pour s’attaquer à ce grand chantier.
Ces challenges renvoient à la politique de ressources humaines de Sonatrach. Il convient de fidéliser l’expertise et le middle management de Sonatrach.
Un important effort de formation et de recrutement de la crème des diplômés des universités a été engagé par Sonatrach ces dernières années. Un nouveau personnel qu’il convient d’encadrer par des cadres expérimentés qui ont acquis les nouvelles techniques de confirmation des hydrocarbures difficiles d’accès, de nouvelles méthodes de récupération d’hydrocarbures.