L’expertise judiciaire dans l’affaire de la société mixte algéro-américaine Brown and Root Condor (BRC)/Sonatrach vient de révéler des faits surprenants de corruption et de dilapidation.
L’affaire se trouve actuellement en instruction au niveau de la première chambre du pôle économique et financier auprès du Tribunal Sidi M’hamed. Le dossier implique l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khelil, l’ancien P-DG de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kadour ainsi que plusieurs autres anciens responsables au ministère de l’Énergie et de hauts responsables et directeurs de Sonatrach.
Selon des éléments de l’enquête cités par le quotidien arabophone Echorouk, des sommes astronomiques ont été consommées par la société mixte algéro-américaine dans la réalisation de projet d’infrastructure dans les domaines des hydrocarbures, l’hôtellerie, le bâtiment, la santé, des services de transport et aéroports. Le tout, sous la bénédiction des deux principaux accusés dans l’affaire, à savoir Chakib Khelil et Ould Kadour.
En plus du fait que tous les projets octroyés à cette société pouvaient être réalisés par des entreprises algériennes, la commission d’enquête chargée du dossier a révélé que les infrastructures réalisées par Brown and Root Condor (BRC) ne répondent pas aux normes et de ce fait se trouvent actuellement fragilisés et menacés d’effondrement.
Des projets gré à gré et des avenants dépassant le double du montant initial
Les enquêtes ont également révélé que la société américaine jouait le rôle de médiateur, en obtenant les projets auprès de Sonatrach pour ensuite les céder à son tour à un sous-traitant avec une marge bénéficiaire importante qui a atteint les 185%.
À cela s’ajoute le fait que Sonatrach avait accordé tous les projets à BRC dans le cadre du gré à gré alors que la réglementation en vigueur stipulait la nécessité de recourir à l’Appel à la concurrence à travers le lancement d’avis d’appel d’offres nationaux et internationaux, sauf en cas d’urgence, ce qui n’est pas le cas dans la totalité des projets accordés à BRC.
Les révélations surprenantes ne s’arrêtent pas là, puisque la majorité des projets octroyés à BRC ont connu d’importantes rallonges financières via des avenants qui dépassent dans la plupart des cas le double du montant initial du projet. À titre d’exemple, l’on cite la réalisation de deux bâtisses à Hydra Alger avec un avenant de 170%, une piscine olympique à 132% …
Des coûts faramineux en devises ont été également dépensés dans des réunions de BRC à l’étranger ; aux USA, à Londres… L’enquête révèle que les tous les membres du conseil d’administration ainsi que leurs invités sont pris en charge par Sonatrach.