Soufiane Djilali : « Tout est trafiqué, l’élection de Bouteflika, son bilan de santé, ses conseils des ministres… »

Soufiane Djilali : « Tout est trafiqué, l’élection de Bouteflika, son bilan de santé, ses conseils des ministres… »

Le chef de Jil Jadid appelle le Haut conseil de sécurité à se réunir pour régler le problème de la vacance du pouvoir. C’est un Soufiane Djilali en verve et très remonté contre la paralysie imposée par les tenants du pouvoir à tout un pays qui s’est présenté devant les journalistes. Le constat est connu mais implacable : le pays va mal, estime-t-il comme au demeurant la plupart de la composante de l’opposition.

Hormis le pouvoir et ses relais qui trouvent quelque grâce à l’immobilisme multidimensionnel qui encalmine le pays, il y a un consensus général sur les dangers imminents de la situation. « Les institutions habilitées doivent déclarer la vacance du pouvoir », Puis ajoute : « L’institution présidentielle est entre les mains de personnalités que nous ne connaissons pas’, accuse Soufiane Djilali. Et va plus loin : ‘La fonction présidentielle a été détournée avec le consentement de Bouteflika »

Soufiane Djilali veut en finir avec le problème de leadership et décloisonner la lutte et plaide pour une ouverture entre partis. « Il faut dépasser la problématique des personnes et s’intéresser à l’objectif lui-même » insinuant que les anciennes polémiques avec la patronne du PT et plus largement les critiques acerbes contre les souteneurs du 4e mandat peuvent être mises de côté. « Parmi les 19, il y a des personnalités au-dessus de tout soupçon, à l’image du moudjahid Lakhdar Bouragaa. Je vais personnellement introduire une proposition auprès de l’ICSO pour l’inviter à présenter leur démarche ». Cette ouverture présage d’un renforcement de l’opposition.

L’absence du chef de l’Etat inquiète. Soufiane Djilali s’est par ailleurs élevé contre les manipulations d’image du Président : « L’Algérie a un Président virtuel, une image. Tout est trafiqué, le dossier médical du Président, les élections et même la salle du Conseil des ministres qui a été dupliquée à Zéralda comme un décor en carton-pâte de Hollywood ». Et d’avertir que si les conditions ne changent pas « nous refuserons catégoriquement tout amendement constitutionnel ».

Amar Saadani et ses errements politiciens, ses déclaration à l’emporte-pièce ne laissent pas indifférent. A juste titre, Soufiane Djilali s’est interrogé sur les propos du SG du FLN : « comment s’est-il arrogé le droit de donner des orientations de politique étrangère ? Pourquoi Amar Saadani et Ouyahia se permettent-ils de parler en lieu et place de Bouteflika ? Le clan présidentiel a en fait pris en otage la présidence de la République, avec la complicité de Bouteflika lui-même ».

Soufiane Djilali estime que les agissements d’Amar Saïdani renseignent sur le niveau de « paralysie » et de « blocage » que connaissent les institutions de la République. Cela n’aurait pas été possible si le président Abdelaziz Bouteflika était en possession de toutes ses facultés lui permettant d’assumer pleinement et totalement sa fonction présidentielle.

Pour lui, la seule solution à cette crise est éminemment politique à laquelle il faut un traitement purement politique. Ce traitement, selon lui, passe par « la restitution de la légitimité du peuple, quitte à faire intervenir l’armée pour rétablir la situation, sachant que celle-ci a une lourde responsabilité dans la venue et le règne de Bouteflika ».

« Coup d’Etat »

Le président de Jil Jadid charge Mourad Medelci, président du Conseil constitutionnel qui a validé en avril la candidature à la présidentielle d’un homme qui n’avait pas toutes ses capacités. « Le fait d’imposer un président malade aux Algériens est un coup d’Etat en soi. Il faut cesser de mentir aux Algériens et leur dire que vous n’avez qu’un président virtuel », a-t-il martelé. Il a appelant dans ce sillage les ministres « à arrêter leur comédie en posant comme s’ils étaient réellement dans un vrai Conseil des ministres ».

Soufiane Djilali estime dans le même contexte qu’en raison de l’état de santé du président Bouteflika, son parti rejette toute révision constitutionnelle, considérant que le plus urgent est d’élire un président en pleine possession de ses facultés physiques et mentales pour faire face à la situation de crise que connaît l’Algérie.

Sofiane Ayache