Les caméramans l’ont attendue toute la journée de lundi aux abords du pôle financier en pensant que, comme pour son mari, Penelope Fillon demanderait à devancer la convocation des juges afin d’éviter le charivari médiatique. Puis les journalistes ont fait le pied de grue mardi en espérant l’apercevoir. En vain. C’est en toute discrétion que Penelope Fillon s’est rendue à la convocation des juges en tout début de matinée. Après François Fillon et Marc Joulaud, tous deux mis en examen, c’était donc au tour de la femme de l’ex-premier ministre d’affronter les juges Tournaire, Buresi et Tacheau.
Elle a débouché sur une mise en examen pour «complicité et recel de détournement de fonds publics», «complicité et recel d’abus de biens sociaux» et «recel d’escroquerie aggravée». Cela aura été l’audition la plus longue des trois personnalités convoquées. «Normal, pour répondre au reproche de troubler la présidentielle, les juges ont décidé qu’ils ne feraient qu’une seule audition d’ici aux élections. Alors, cela dure plus longtemps», commente une source proche du dossier.
Extension de qualification des faits
Depuis deux mois, maintenant, presque jour pour jour, la femme discrète du candidat à la présidence de la République affronte le feu nourri de la justice et des médias. Elle doit répondre de l’accusation d’emplois fictifs, à la fois à l’Assemblée nationale en tant qu’attachée parlementaire et à La Revue des deux mondes.
Entre 1986 et 2013 – avec des coupures -, l’épouse de François Fillon, qui semblait éloignée de la vie politique, a perçu 680.380 euros net, soit environ 3 600 euros mensuels en moyenne, comme assistante de son époux ou de son ex-suppléant Marc Joulaud, également mis en examen vendredi pour détournement de fonds publics.
Penelope Fillon a aussi été rémunérée à La Revue des deux mondes, entre mai 2012 et décembre 2013, pour un salaire de 5 000 euros brut, qu’elle a cumulé avec son emploi d’assistante à partir de juillet 2012, lorsque l’ex-premier ministre est redevenu député. Cela lui vaut d’être poursuivie pour recel d’abus de biens sociaux.
Mais les juges ont déjà procédé à une extension de qualification des faits. Ils ne parleraient plus seulement d’emplois fictifs, mais aussi d’emplois surévalués. Une qualification plus ténue dont les avocats vont s’emparer sous l’angle de la séparation des pouvoirs, selon eux bafouée, et sous celui de la juste rémunération, que les juges seraient habilités ou pas à définir.
La semaine dernière, l’enquête du parquet national financier (PNF) a été élargie aux chefs d’escroquerie, faux et usage de faux, dans la foulée d’une prétendue minimisation des heures effectuées par Penelope Fillon à l’Assemblée pour ne pas violer le règlement sur le cumul d’emplois. Son avocat, Pierre Cornut-Gentille, a promis qu’elle s’en expliquerait devant les juges. Il a fait valoir que les métiers littéraires échappent à la notion de nombre d’heures travaillées, et qu’il est ainsi difficile de parler de cumul d’emplois