Qui a dit que le kidnapping, ce terrible fléau venu empoisonner le quotidien d’une Kabylie autrefois havre de paix, est une fatalité ? Que ceux qui pensent ainsi se détrompent.
La preuve a été donnée, une fois de plus, avec la libération du commerçant de Fréha, hier à l’aube, au bout d’une semaine de séquestration par les fous de Dieu qui l’ont intercepté le 3 juillet dernier à son retour le soir, à son domicile familial.
Une libération sans paiement d’aucune rançon intervenue quelques heures après l’organisation d’une mémorable marche à laquelle ont pris part des milliers de personnes de l’ensemble des villages de l’arch des Ath Djennad, au nord-est de Tizi Ouzou.
En effet, I.Lounès, un jeune commerçant de 34 ans, kidnappé le 3 juillet par un groupe armé près du village Tala Tegana dans la région de Fréha, a été libéré, hier matin à l’aube. Aucune indication n’a filtré sur les circonstances de la libération de l’otage au sujet duquel on a craint à un certain moment, le pire, lui qui souffrait d’une maladie chronique et astreint donc à un traitement médical quotidien.
Dans une conversation téléphonique avec un membre de sa famille, le jeune commerçant a tenu à tranquilliser sa famille, l’informant notamment de sa bonne «prise en charge» par ses ravisseurs qui avaient, à l’occasion, conditionné sa libération par le paiement d’une rançon de l’ordre de trois milliards de centimes.
Ce que la coordination des 53 villages des Ath-Djennad a catégoriquement refusée, enclenchant aussitôt, un vaste mouvement de solidarité entamée par une grande opération de recherches dans les maquis environnants soupçonnés d’abriter les sbires terroristes avant l’organisation d’un rassemblement populaire appuyée d’une grève générale et d’une grande démonstration de rue, avant-hier.
Hier, juste après la fin de la grandiose marche, une idée prenait forme parmi les membres de la coordination des villages des Ath- Djennad si jamais, bien entendu, l’otage n’était pas libéré. On projetait une marche au chef-lieu de wilaya, semblable à celle organisée, un certain 2 octobre 1994, pour exiger la libération sain et sauf du regretté «Rebelle», intervenue une dizaine de jours après.
Une mobilisation similaire à celles d’Iflissen, de Boghni et de Ouacifs ayant eu à chaque fois à démontrer toute son efficacité puisque ayant toutes contraint les ravisseurs à faire marche arrière et à relâcher leurs otages sans percevoir le moindre centime.
M. K.