Dans un geste chargé de symbolisme, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, s’est rendu ce mardi au Carré des Martyrs du cimetière d’El Alia à Alger. À la demande et au nom du président français Emmanuel Macron, l’ambassadeur Stéphane Romatet a visité et a déposé une gerbe sur la tombe du martyr Larbi Ben M’hidi, l’un des héros emblématiques de la révolution algérienne, lors de sa visite.
Un aveu historique attendu
Ce geste intervient deux semaines après que la France a officiellement reconnu sa responsabilité dans l’assassinat de Larbi Ben M’hidi en 1957, après que les foces françaises l’ont torturé. Dans un communiqué, l’ambassade de France a déclaré que, selon Macron, « le travail de vérité et de reconnaissance doit se poursuivre ».
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À l’occasion du 70ᵉ anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne, Emmanuel Macron avait admis que des soldats français placés sous le commandement du général Paul Aussaresses avaient exécuté Ben M’hidi.
Il a affirmé que cet aveu s’inscrit dans la continuité des démarches entreprises avec Tebboune pour faire face à l’héritage colonial.
تنقل سفير فرنسا في الجزائر، ستيفان روماتي، اليوم إلى مربع الشهداء في مقبرة العالية، بطلب من رئيس الجمهورية إيمانويل ماكرون وباسمه، وقام بوضع إكليل من الزهور على قبر العربي بن مهيدي. https://t.co/HWlY64mnSC
— Ambassade de France en Algérie 🇫🇷 (@ambafrancealger) November 19, 2024
Larbi Ben M’hidi : une figure de la lutte pour la liberté
Larbi Ben M’hidi est une figure incontournable de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Cerveau derrière plusieurs opérations marquantes de la révolution, les parachutistes français dirigés par le général Jacques Massu l’ont capturé le 23 février 1957. Soumis à d’horribles tortures, il fut exécuté dans la nuit du 3 au 4 mars 1957.
À l’époque, la France avait propagé l’idée que Ben M’hidi s’était suicidé en détention. Toutefois, des décennies plus tard, le général Aussaresses avait reconnu avoir personnellement ordonné son exécution. Cet aveu n’avait pas été officiellement suivi d’une reconnaissance par les autorités françaises avant aujourd’hui.
Des avancées progressives sur le dossier mémoriel
Ce geste de reconnaissance s’inscrit dans une série d’initiatives menées par Emmanuel Macron pour affronter l’héritage colonial de la France :
- En 2018, il avait reconnu la responsabilité de la France dans la mort de Maurice Audin, militant anticolonialiste, torturé et tué par l’armée française.
- En 2021, il a admis le rôle de la France dans l’assassinat de l’avocat et militant Ali Boumendjel.
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Macron a également mis en place une commission mixte d’historiens franco-algériens, chargée de faire la lumière sur les crimes de la colonisation. Ce travail vise à établir une base de vérité historique commune et à renforcer les relations bilatérales.
Un pas vers la réconciliation ?
De nombreuses voix en Algérie estiment que le geste de l’ambassadeur français et l’aveu de Macron, bien qu’appréciés comme un pas dans la bonne direction, demeurent insuffisants.
Des militants et des historiens appellent à des excuses officielles plus larges pour les crimes coloniaux et à des mesures concrètes pour réparer les injustices du passé.