«Italiens : quand les émigrés c’était nous», un spectacle poignant sur l’histoire de l’émigration italienne, a été présenté à Alger par l’ensemble italien Gruppo Incanto, dans une ambiance empreinte de nostalgie et d’émotion, et où les plus beaux chants traditionnels et populaires italiens ont été restitués à un public relativement nombreux.
Accueilli jeudi soir à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïh, le spectacle, mis en scène par Rocco Femia et déroulé en 90 min, est un hymne à la solidarité et à la tolérance, inspiré de la publication de l’ouvrage Italiens 150 ans d’émigration et la production d’un CD éponyme conçu et chanté par Gualtiero Bertelli et la «Compagnia delle Acque».
Dirigés par Rocco Femia, auteur des textes de narration et chanteur également, cinq musiciens et trois voix féminines ont restitué au public une période cruciale de l’histoire de l’Italie qui a connu, en un siècle (entre 1876 et 1976), l’exode de près de 27 millions de ses enfants qui ont quitté leur patrie, dans la douleur, vers des destinations incertaines à travers le monde.
Spectacle à plusieurs entrées, conformément à la diversité des parcours et des histoires, «Italiens : quand les émigrés c’était nous» dresse la situation en Italie au moment du départ, le voyage de l’espoir et, souvent, la tragédie du naufrage en mer, l’enracinement dans les pays d’accueil, mais aussi le rejet et le racisme à leur égard.
Partis pour un aller sans retour aux Etats-Unis d’Amérique, trouver «la richesse et le bonheur» dans un monde «sans doute meilleur», des milliers d’Italiens ont été confrontés à la violence de la réalité qui les attendait, car contraints de vivre dans la misère et faire face au brigandage et à la xénophobie.
Une quinzaine de pièces tirées des plus beaux chants traditionnels et populaires italiens ont été rendues dans une ambiance recueillie, précédées de narrations lues par Rocco Femia, destinées à la présentation et la mise en situation des spectateurs dans des atmosphères marquées de tristesse et de mélancolie.
Parmi les titres rendus, Mamma mia dammi cento lire, Il Vapore…, Minatore non partite, L’altro giorno dandro french, E tutti va in Frencia, Liberta, Era de maggio de costa, Sacco E Vanzetti, La ballata d’Izourt, Partono gli emigrante, Caruso, Mio Fratello che guardino el mondo, Noi et Italia bella mustrati gentile. Sebastien Asdier (batterie), Adrien Rodrigues (contrebasse), Florent Hortal (guitare), Giovani Canzanella (guitare, percussion et mandoline) et Gilbert Montanié (violon), ainsi que les voix féminines de Cinzia Minotti, Simona Boni et Agnese Miglioro ont brillamment réussi à transmettre au public, entre autres émotions, la séparation, le péril des hautes mers, la misère de la vie, la privation et la précarité, l’adversité avec le peuple américain et la lutte pour la survie. De vieilles images et des vidéos d’archives ont été projetées pour appuyer le message délivré par le spectacle qui a pris des allures de film documentaire, bien qu’il ait été rendu dans l’esprit d’une pièce de théâtre qui déroule une histoire à travers une succession de tableaux.
En présence de plusieurs ambassadeurs et représentants de différentes missions diplomatiques accréditées à Alger, le public a savouré, dans la délectation, tous les instants de cette représentation époustouflante de sens et d’enseignements sur la vie et l’histoire des hommes.
Organisé par l’Opéra d’Alger sous l’égide du ministère de la Culture, le spectacle «Italiens : quand les émigrés c’était nous» a été suivi vendredi soir par une deuxième représentation au titre de «Et si on chantait la paix», mise en scène par Rocco Femia et présentée par la même formation musicale italienne, Gruppo incanto.