La ministre de la Culture, Khalida Toumi, accompagnée du wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, a effectué, hier, une visite à la place des Martyrs pour suivre de près le projet de réalisation d’une station de métro dans la zone de la Basse Casbah.
Cette dernière est classée patrimoine national, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et érigée en secteur sauvegardé. Elle est également dotée d’un plan permanent de sauvegarde. Pour ce projet situé en zone urbaine à fort potentiel archéologique, la ministre a insisté sur la nécessité d’une coordination entre les secteurs des transports, de la culture et l’entreprise du métro afin de concilier les impératifs du développement et ceux de la préservation du patrimoine.
La place des Martyrs (ex-place de la Régence), la mosquée Essaïda, le Trésor (Beït el mal) et autres habitations avaient été rasés par le général de Bourmont lors de la conquête coloniale. La fouille archéologique préventive entreprise avec les spécialistes de l’Institut français d’archéologie préventive (INRAP), partenaire du Centre national de recherche archéologique (CNRA), ainsi que des experts responsables de ce projet ont déjà révélé une histoire très riche vieille de deux millénaires. Les responsables de la culture ont décidé de reproduire une station muséale, quasi identique à celle d’Athènes. Pour la ministre, « il faut absolument que le voyageur qui prend le métro connaisse son Histoire à travers les vestiges ». L’endroit où les pièces de monnaie de différentes époques étaient frappées, le four où le fer était fondu pour la fabrication des armes, y compris quelques braises, a été retrouvé intact.
De Bourmont avait rasé la mosquée Essaïda que les archéologues tentent de reconstituer grâce à un logiciel 3D. Néanmoins, il faut procéder au déplacement d’un kiosque. Lors des fouilles, des pièces de céramique à base de pâte blanche datant du VIe siècle et du néolithique avaient été également retrouvées. Des amphores, des cruches, des pièces métalliques et des fragments de tajine attestent que la tradition perdure à nos jours. La cuisson du pain et la conservation de l’huile dans des jarres s’effectuent avec des matériaux semblables.
Lors d’un point de presse, Kamel Stiti, chef de projet du Centre national de recherche archéologique, a rappelé que « le secteur de la culture a accompagné le ministère des Transports pour sauvegarder le potentiel archéologique de ce site ». Ainsi, le projet initial de station de métro a été changé de façon à préserver le patrimoine historique de la ville tout en rapprochant la population de son héritage culturel. La ligne qui relie la Grande-Poste à la place des Martyrs sera opérationnelle en 2017, et les fouilles se poursuivront jusqu’à l’année prochaine. Un document sera rédigé pour consigner tous les travaux entrepris et les analyses des rapports des fouilles. S’agissant du budget alloué à cette opération, la ministre s’est contentée de répondre que notre Histoire « n’a pas de prix pour être revalorisée ».
Rabéa F.