C’est la phase ultime d’un parcours scolaire qui doit permettre l’accès à une étape supérieure pour les uns, et ouvrir grandes les portes des universités pour les autres.
Les examens de fin de cycle ont lieu dans quelques jours, avec l’angoisse et l’espoir qu’ils suscitent.
Impressionnés et fiers à la fois, les élèves du cycle primaire seront pour la première fois de leur vie testés sur leur assimilation de l’enseignement prodigué durant les cinq années de leur scolarité.
Les petits vont se soumettre aux épreuves de l’ex-6ème, gonflés de fierté pour être arrivés à ce stade où l’on «compte» avec eux et parce qu’ils vont être propulsés dans la cour des plus grands, mais non sans le trac qui les étreint pour la seconde fois après celui vécu lors de leurs premiers pas à l’école. De leurs aptitudes dépendra leur passage au cycle moyen au cours duquel ils seront préparés à l’examen du BEM.
Un cycle qu’ils appréhendent avec leur regard d’enfant, mais dont les quatre années doivent théoriquement les former pour en faire des collégiens prêts à affronter le lycée. Théoriquement, car c’est à ce niveau que la déperdition scolaire commence à accomplir sa besogne et que naissent les premières désillusions.
Les épreuves finalisant cette étape de l’enseignement passent au crible les bons et les mauvais élèves, laissant souvent ces derniers en rade, alors que certains se soustraient à l’école de leur propre gré, convaincus de leur incapacité à aller plus loin. En atteste la demande toujours en hausse en matière de formation professionnelle de la part d’adolescents et de jeunes qui ont quitté prématurément les bancs de l’école.
Le parcours durant le second palier détermine, en effet, les dispositions des uns et des autres, traçant pour les uns le chemin vers le lycée avec en vue l’université, et un autre itinéraire pour ceux qui calent en cours de route.
Un stade supérieur qui est le cycle secondaire s’offre à ceux qui passent avec succès l’examen du BEM, et, pour les autres, une orientation vers «la vie active», ce qui peut paraître inconciliable avec le chômage, lequel semble être le seul débouché. Mais il ne faut pas perdre de vue que la perspective d’un cursus universitaire n’est pas une finalité pour tous les lycéens.
Nombreux sont d’ailleurs les élèves qui, parvenus à franchir de justesse la seconde étape en obtenant très moyennement le BEM, s’accrochent, avec toute l’énergie insufflée par leurs parents, dans le seul but d’achever le cycle secondaire afin d’élargir leurs choix en termes de filières dispensées dans les établissements de formation.
La dégradation de la qualité de l’enseignement et la baisse du niveau engendrée par celle-ci, conjuguées parfois à une mauvaise volonté, mettent souvent un frein à un parcours scolaire entamé avec plus ou moins de bonheur et achevé de manière cahotique. Les chemins se séparent à ce stade entre ceux qui ne peuvent obtenir le baccalauréat et ceux qui arrachent le sésame pour l’accès à l’université, et dont certains découvrent que, dans les campus aussi, on peut déchanter.
La détermination des uns à aller jusqu’au bout de leurs aspirations n’a d’égale que la désillusion des autres face à ce qui leur paraît comme une énième farce de responsables et d’enseignants tournés vers d’autres préoccupations –plutôt matérielles– que celle de prodiguer le savoir. Pendant le long cheminement de l’enseignement, le succès et les ratages se côtoient et se croisent, et ne manquent pas de faire des heureux et des désabusés.
Par Rachida Merkouche