Sud et Hauts-Plateaux : un programme de développement à la mesure de l’importance stratégique de ces régions

Sud et Hauts-Plateaux : un programme de développement à la mesure de l’importance stratégique de ces régions

Vastes comme plusieurs fois l’étroite bande côtière où se concentre l’essentiel de la population et des activités, les régions des Hauts-Plateaux et du Grand sud, sous-peuplées et relativement déshéritées, vont pouvoir enfin bénéficier d’un programme de développement à la mesure de leur rôle dans l’essor équilibré du pays tout entier et partant, le maintien de la cohésion nationale.

Le conseil restreint sur le développement local dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, présidé mardi par le président Abdelaziz Bouteflika, annonce clairement la volonté de l’Etat de continuer à investir, au sens le plus large du terme, dans ces régions d’importance stratégique à plus d’un titre. Ses conclusions viennent appuyer, avec la solennité qui s’impose, d’anciennes initiatives plus ou moins réussies en faveur de ces zones mais prévoit aussi de nouvelles actions, avec le souci avéré de mieux identifier les secteurs à renforcer dans l’intérêt bien compris des populations locales.

Ces dernières n’ont pas manqué ces dernières années d’exprimer, spontanément ou de manière plus organisée, des demandes à caractère économique, social et, plus récemment, environnemental dont les pouvoirs publics semblent avoir pris maintenant toute la mesure, qui plus est dans un contexte régional instable où la sécurité du pays est menacée. Le chef de l’Etat, en intervenant au cours de la réunion, a bien résumé l’enjeu du moment en parlant de « mobilisation » pour ces régions: « En nous penchant spécifiquement aujourd’hui sur le développement dans les wilayas du Sud, nous tenons à souligner la mobilisation politique, sécuritaire et économique que l’Etat consacre à cette partie de notre patrie, dont le voisinage connaît malheureusement une instabilité dangereuse, y compris pour la sécurité de notre propre pays ».

Ambitieux, le programme de développement annoncé ou réitéré lors de ce conseil l’est au point de vouloir relancer de gros projets créateurs de croissance et d’emploi comme celui de l’exploitation de l’immense gisement de fer de Gara Djebilet dans la région de Tindouf. Des mesures spécifiques devraient ainsi s’ajouter aux grands objectifs déjà fixés pour le Sud dans le plan national de développement 2015-2019 en vue d’élargir la base économique de ces régions et de multiplier ainsi les chances d’emploi et de logement pour la population active locale, notamment les plus jeunes, ainsi l’amélioration du niveau de vie général.

La création d’un « grand nombre » de zones industrielles et d’activités, la construction de raffineries d’hydrocarbures, la mise en valeur d’au moins 1 million d’hectares de terres et l’exploitation du gisement de fer géant de Gara Djebilet (1,7 milliard de tonnes de réserves) comptent parmi les grands projets prévus pour les cinq prochaines années. Ils s’ajoutent aux mesures fiscales et administratives annoncées en vue de favoriser l’investissement national et étranger dans ces régions vierges mais incontestablement riches en hommes et en moyens, et qui appellent cependant un meilleur cadre de gestion et d’organisation. C’est assurément dans ce sens qu’intervient l’injonction du président de la République au gouvernement d’accompagner la mise en oeuvre du nouveau programme quinquennal de développement d’une « amélioration de la gouvernance locale, en priorité au niveau des wilayas du Sud et des Hauts Plateaux ». La même logique d’urgence semble avoir guidé la décision annoncée par le chef de l’Etat de créer dans les wilayas du Sud, avant l’été, des wilayas déléguées « aux moyens renforcés et aux compétences élargies » en vue de rapprocher davantage l’administration du peuple.

La mesure doit être élargie en 2016 aux wilayas des Hauts Plateaux, une région intermédiaire entre le Nord et le Grand sud dont l’importance dans l’aménagement harmonieux du territoire national et une meilleure répartition territoriale des populations n’est plus à démontrer. Et pour être plus à l’écoute des populations de ces régions, le président a également instruit le gouvernement d’associer davantage la société civile à la conception et au suivi du développement local, de manière à donner du sens et du contenu à la notion de « démocratie participative ».

Le gouvernement est enfin instruit par le premier magistrat du pays de faire dans la communication intelligente pour mieux vulgariser ce qu’il entreprend comme mesures d’incitation à l’investissement dans ces régions vitales pour tout le pays, et surtout de mieux expliquer à leurs habitants le sens et les conséquences des différentes initiatives publiques prises en leur faveur.

Pour le président Bouteflika, il n’y a pas meilleur exemple de nécessaire travail d’explication à accomplir que celui relatif à la question controversée (et contestée par des habitants du Sud) du gaz de schiste dont l’exploitation en Algérie « n’est pas à l’ordre du jour », les opérations en cours étant des « essais préliminaires », selon les termes du communiqué du conseil ministériel restreint.

Le gouvernement est, là aussi, invité par le Président à organiser des « débats transparents » pour à la fois lever les « incompréhensions » et les « inquiétudes » et permettre à chaque Algérien de mieux comprendre les enjeux énergétiques de l’après-pétrole .