Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales veut contrôler toutes les opérations de collecte de dons destinés à la réalisation de projets à l’instar de la construction des mosquées.
«La loi nous impose en tant que ministère de l’Intérieur de connaître la nature des dons, les personnes en charge de leur collecte et l’affectation de ces dons», a affirmé, jeudi dernier, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, en marge d’une séance plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN).
Une décision grandement motivée par l’opacité dans laquelle se font ces opérations dans la société et l’usage frauduleux de ces fonds, en ce sens que «des sommes importantes collectées par des personnes non habilitées ont été détournées», a argumenté le ministre.
Ce faisant, instruction a été donnée aux walis d’adresser toutes les demandes de dons au ministère de l’Intérieur avant d’autoriser leur collecte, y compris les dons destinés à la construction des mosquées. «Tous les walis sont tenus d’adresser les demandes de dons y compris les dons pour la construction des mosquées, au ministère de l’Intérieur avant d’autoriser leur collecte», a clairement signifié Tayeb Belaïz, dans une volonté délibérée de réglementer ces opérations informelles souvent déviées de leur vocation initiale servant les affaires de certains cercles occultes en l’absence d’un contrôle en la matière.
En effet, de grosses sommes d’argent sont collectées pour diverses causes, notamment pour la construction des mosquées, ce qui aiguise l’appétit de certaines personnes malveillantes qui en aperçoivent une opportunité de s’enrichir au détriment de généreux bienfaiteurs.
Rien qu’en 2014, le ministre de l’Intérieur a avancé le chiffre de 4 milliards de dinars collectés grâce aux dons de bienfaiteurs, ce qui illustre parfaitement les appréhensions des pouvoirs publics quant à la destination opaque de ces gros fonds. En décidant de s’attaquer, quoique tardivement, à ce genre de négoce assez lucratif pour ses adeptes, le gouvernement aurait bien des raisons autrement beaucoup plus importantes que de simples détournements.
En d’autres termes, les grosses sommes d’argent collectées, notamment dans les mosquées, échappaient carrément au contrôle de l’Etat, ce qui laisse deviner moult scénarii, en plus de l’arnaque pure et simple dont sont victimes de généreux citoyens qui se voient ainsi délestés de leur argent sans savoir leur destination finale. Aussi, force est de constater que les pouvoirs publics semblent déterminés à l’informel dans toutes ses formes, notamment le trafic de capitaux, comme c’était le cas avec les combistes du square Port Saïd d’Alger.
Il s’agit avant tout d’assainir la sphère économique nationale, en limitant au maximum le mouvement de capitaux souvent entachés d’opérations frauduleuses et toutes sortes de malversations, et surtout prévenir l’usage dangereux de ces fortes sommes d’argent qui, outre leur fuite vers l’étranger, constitueraient une arme fatale entre les mains des narcotrafiquants souvent en corrélation avec le terrorisme.
M.A.C.