Des retards sur les horaires de vol trop fréquents. Des voyageurs livrés à eux-mêmes aussi bien en Algérie qu’à l’extérieur du pays.
La grogne des passagers d’Air Algérie, qui s’est exprimée à Paris, a fait réagir la direction de l’aviation civile française qui met la compagnie nationale «face à ses responsabilités» a indiqué hier au Midi Libre une source du ministère des Transports.
Les retards de vols de la compagnie nationale Air Algérie sont devenus « force de l’habitude ». Les passagers, qui prennent régulièrement les avions du pavillon national, se sont fait une raison. Les rares fois où l’horaire du vol en partance ou à destination d’une escale du territoire national est respecté, relève d’un exploit à mettre à l’actif de la compagnie nationale.
La grogne des voyageurs, maintes fois exprimée, qui ont eu à subir les désagréments, jusqu’à en devenir un cauchemar, n’a pas à tout le moins réduit la cadence des fréquences de ces retards. Pire, ils prennent de l’ampleur surtout en haute saison, comme l’ont vécu de nombreux voyageurs, dernièrement à Paris où un vol pour Alger a pris beaucoup de retard.
Il y a deux jours un énième retard de plus de 8 heures a soulevé le courroux des passagers de la compagnie en partance pour Alger et a engendré une certaine agitation dans l’enceinte de l’aéroport de Paris.
Un énième incident qui, selon notre source, a fait réagir la direction de l’aviation civile française qui vient d’interpeller Air Algérie sur les conséquences engendrées dans les enceintes des aéroports français par les retards récurrents des vols de la compagnie nationale.
La direction de l’aviation civile algérienne aurait été destinataire d’une copie de la «mise en demeure» des autorités françaises qui, nous dit-on, n’hésitent pas à parler d’«incidence sur l’ordre public», l’agitation qui s’empare des passagers d’Air Algérie à chaque retard, qui parfois dépasse les dix heures de teps, a fini par agacer et la réaction ne s’est pas fait attendre.
«Les autorités françaises ont clairement précisé qu’elle n’avaient pas à assumer la désorganisation d’Air Algérie et les conséquences des retards récurrents de ses vols» a indiqué notre source qui fait remarquer que la même désorganisation prévaut au niveau de l’aéroport Houari- Boumediene à Alger. Selon un témoignage recueilli hier sur place auprès d’un douanier, les passagers arrivés à Alger tard dans la nuit du vendredi à samedi en provenance de Paris ont vécu le calvaire.
Aucun représentant de la compagnie nationale ne se trouvait sur place pour prendre en charge les malheureux voyageurs qui se sont débrouillés par eux-mêmes pour passer la nuit dans l’enceinte de l’aéroport d’Alger. Ils étaient plus de deux cents passagers à avoir ressenti le «mépris » d’Air Algérie envers ses passagers.
Déficit de communication
Il n’y a pas que les passagers qui ressentent le mépris d’Air Algérie. Au département de la communication de la compagnie nationale, c’est le black-out sur toute information. Nous l’avons vérifié à nos dépens, hier en voulant prendre attache avec ce département pour vérifier les informations en notre possession et recueillir le point de vue de la compagnie.
En vain. Nos appels téléphoniques n’ayant pas abouti, nous nous sommes déplacés au siège de la compagnie nationale située place Audin dans l’espoir de rencontrer le chargé des relations avec la presse, nous nous sommes heurtés à une fin de non recevoir. Finalement Il n’y a pas que les employés des enceintes aéroportuaires d’Air Algérie qui accusent un déficit en communication.
Leurs collègues de la direction centrale ne font pas mieux, du moins ceux censés chargés de… communiquer. Il s’agit du département de la communication. Voulant avoir des informations sur les causes des retards qu’accusent les avions d’Air Algérie sur certains vols, nous n’avons trouvé que portes closes à la direction générale.
Devant notre insistance l’appariteur n’a pas trouvé mieux que de nous répondre «qu’il fallait au préalable, prendre rendez-vous pour approcher le chargé de communication». C’est à croire que les responsables en charge de ce département ne saisissent pas l’importance de la communication pour lever toute équivoque, surtout quand il s’agit de défendre l’image d’une société de l’importance d’Air Algérie.
Des amendes de plus de 40 mille dollars US
Une compagnie qui apparemment ne retient pas les leçons. Il y a une année, à la même période les retards ont caractérisé les vols d’Air Algérie. Pour rappel un chef de département programmation avait tenté de «dédouaner» son entreprise en arguant du fait que le retard d’un seul vol peut bousculer tous les autres vols de la journée et produire ainsi un effet boule de neige en accumulant les retards pour les derniers vols de la journée; ainsi, un retard de 10 minutes ou d’un quart d’heure du premier vol peut se répercuter sur les autres vols et se transformer en un retard de plus d’une heure sur le dernier vol.
Il reste qu’au-delà du fait que l’on n’arrive toujours pas à respecter une programmation, entachant chaque jour un peu plus l’image de marque de la compagnie nationale qui se dégrade aussi bien auprès de ses passagers que de ses partenaires, les retards de vol ont un coût économique. Le dernier exemple est celui du vol de Montréal, prévu hier à 12 h et reporté pour 23 h de la même journée.
Cette déprogrammation va coûter une amende de 40 mille dollars US à la Compagnie nationale et sa crédibilité auprès de ses passagers d’autant que la veille le vol sur cette même ville a été purement et simplement annulé.
Sadek Belhocine