L’état d’urgence était en vigueur pendant les trois décennies du règne sans partage du président déchu Hosni Moubarak.
Les Égyptiens devraient se réadapter au retour de l’état d’urgence, que le président Abdel-Fattah al-Sissi a décrété, dimanche soir, suite aux double attentat qui a visé deux églises coptes à Tanta et à Alexandrie, en pleine célébration de la fête des Rameaux ; le bilan de ces 2 attaques est de 45 morts et de 123 blessés, selon les autorités. L’état d’urgence est entré en vigueur, pour une période de 3 mois, hier à 13h00, heure locale, après avoir été approuvé par le gouvernement. “La situation l’exige pour rétablir une sécurité totale”, a expliqué le député Yahia Kedouani, membre de la commission de défense et de sécurité nationale au sein d’une Assemblée nationale acquise au président al-Sissi qui livre une guerre sans merci aux islamistes de la confrérie des Frères musulmans. La confrérie, dont de nombreux militants ont rejoint la branche locale de l’autoproclamé État islamique (Daech), très active dans le Sinaï égyptien, est classée depuis l’automne 2015 comme une organisation terroriste par le Caire.
Des centaines de ses militants ont été arrêtés, pour terrorisme ou soutien au terrorisme, et condamnés à des peines lourdes. L’état d’urgence avait été observé pendant 3 décennies sous le raïs Hosni Moubarak. Son abrogation était l’une des principales demandes des militants ayant conduit la révolte de 2011, qui a mis fin à son règne. Supprimé en 2012, il avait été rétabli pendant un mois après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi l’année suivante, au moment où les forces de sécurité réprimaient dans le sang ses partisans. Après avoir ordonné à l’armée de se déployer pour protéger les infrastructures vitales du pays, le chef de l’État a réclamé des mesures pour assurer une protection totale des frontières. “L’état d’urgence a été imposé en France, en Égypte pendant longtemps avant cela, pour faire face au terrorisme”, a justifié le député M. Kedouani. Selon lui, la mesure permettra notamment le maintien en détention pendant 45 jours des éléments terroristes actifs qui sont connus des services, mais pour qui, il n’y a pas de preuves matérielles permettant de les traduire en justice. L’EI, dont la branche égyptienne avait récemment menacé de multiplier les attaques contre les coptes, a indiqué que les deux assauts avaient été menés par des kamikazes égyptiens. “Malgré ces attaques, le pape maintiendra son voyage en Égypte prévu fin avril”, a affirmé le numéro 3 du Vatican dans un entretien paru hier, et dont des extraits ont été repris par l’AFP. “Il ne fait aucun doute que le Saint-Père maintiendra sa proposition de se rendre en Égypte les 28 et 29 avril”, a déclaré Mgr Angelo Becciu, numéro 3 du Vatican, dans un entretien avec le Corriere della Sera.
“Ce qui est arrivé provoque du désordre et une grande souffrance, mais cela ne peut empêcher le déroulement de la mission de paix du pape”, a-t-il ajouté à propos d’un déplacement dont le logo choisi est “Le pape de la paix dans l’Égypte de la paix”. “Les deux attentats constituent une attaque au dialogue et à la paix”, a estimé Mgr Becciu, qui se rendra aussi en Égypte à la fin du mois.