Le SG contesté du vieux parti promet de s’expliquer avec ses détracteurs au mois de septembre prochain. Ce qui est annonciateur de nouvelles polémiques à l’avenir. Et avec Saâdani, on est quasi sûr d’être servi, tant le raffinement n’est pas la qualité première de l’homme.
La guerre de succession au président Abdelaziz Bouteflika impose un rythme infernal à une classe politique censée être de repos en ces périodes de congé, mais aussi de grandes chaleurs. Un début de mois d’août, habituellement calme et plat sur le plan politique, mais qui, pour cette année, s’annonce agité. C’est ainsi que l’appel des 14 moujahidine pour “la libération du FLN” et “le départ d’Amar Saâdani et son groupe”, publié dimanche comme tribune libre dans le quotidien El Watan, a poussé le bureau politique de l’ex-parti unique à convoquer une réunion d’urgence mais aussi inhabituelle dans sa forme. Une réunion dictée, semble-t-il, par l’inquiétude qu’a suscitée la déclaration commune des “14” au sein de la direction actuelle du FLN.
Une inquiétude tellement visible d’ailleurs qu’elle n’a pas manqué d’inspirer au bureau politique, convoqué en l’absence de Saâdani, qui a invité les militants du parti à la vigilance face à cette montée au front des moudjahidine. “Le bureau politique appelle tous les militants du parti, et ce, à tous les niveaux, à faire preuve de vigilance et à se dresser en une seule ligne derrière leur direction légitime issue du 10e congrès du parti et conduit par le frère et secrétaire général Amar Saâdani (…)”, est-il souligné, en effet, dans le communiqué. C’est dire combien la réaction du bureau politique du FLN renseigne sur le degré d’affolement chez les partisans de la direction actuelle du parti. En vacances à l’étranger, Amar Saâdani semble aussi avoir été si perturbé qu’il a dû s’exprimer dans les colonnes d’un journal arabophone. Le SG contesté du vieux parti promet de s’expliquer avec ses détracteurs au mois de septembre prochain.
Ce qui est annonciateur de nouvelles polémiques à l’avenir. Et avec Saâdani, on est quasi sûr d’être servi, tant le raffinement n’est pas la qualité première de l’homme. Mais en attendant, tout annonce un été politiquement chaud.
Depuis juin, en effet, la scène politique nationale a été marquée par de rudes affrontements politiques. D’abord au Parlement, durant le mois de Ramadhan, et où des lois fortement contestées ont été passées de force à l’Assemblée populaire nationale (APN). C’est à l’exemple de la loi faisant obligation de réserve aux hauts gradés de l’armée à la retraite, ce qui a suscité l’intervention de l’ancien ministre de la Défense, le général à la retraite Khaled Nezzar, qui a carrément prêté des “ambitions démesurées” à l’actuel vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah. Vers la fin du mois de juillet, l’Instance de coordination et de suivi de l’opposition (Icso) se réunissait pour annoncer plusieurs démarches, notamment l’installation de commissions et de groupes de travail pour préparer une conférence nationale contre le code électoral cher à la direction actuelle du FLN et, donc, Amar Saâdani. De son côté, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, annonçait, lundi, à l’ouverture d’une réunion avec les cadres du bureau de la wilaya d’Alger de son parti, que la situation actuelle du pays n’offrait “aucun répit”. Du moins pas à ses militants qu’elle tient, affirme-t-elle, “mobilisés et en état d’alerte”. L’heure est visiblement très grave pour se permettre une détente ou un quelconque relâchement. La guerre de succession déclarée au sommet de l’État et ses répercussions à la périphérie du Palais empêchent, décidément, tout répit politique.