Syndicalisme : l’État reconnaît le SNAPAP

Syndicalisme : l’État reconnaît le SNAPAP

La 7e Conférence nationale du SNAPAP, qui se tient du 12 au 14 janvier à la Mutualité générale des travailleurs des matériaux de construction de Zéralda, a, semble-t-il, scellé le sort, avantageux, de ce Syndicat, longtemps marginalisé par le pouvoir au profit de l’UGTA. En effet, pas moins de six ministres ont rehaussé de leur présence la cérémonie inaugurale. Trois, pour des indisponibilités professionnelles, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales et le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, ont préféré déléguer des cadres les représentant, tandis que les trois autres, Mohammed Ghazi, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mounia Meslem, de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, et Mohammed Mebarki, de la Formation et de l’Enseignement professionnels ont tenu à y participer eux-mêmes. Ceci a été interprété comme la preuve par dix, que de nouveaux rapports, moins conflictuels, entre le SNAPAP et l’État, ont été tissés à commencer par la tenue de la 7e Conférence, laquelle a, de mémoire d’adhérents, bénéficié d’un traitement jamais relevé auparavant.

«Avant, on se débrouillait comme on peut pour tenir nos sessions, dans la discrétion et l’anonymat, prenant le soin, après plébiscité et applaudissements le sanctionnant, d’élaborer des PV de réunions et les adresser à qui de droit, manière de justifier de la légalité de la rencontre. Cette fois-ci, la séance de travail est solennelle, comme vous le constatez par vous-même. Une dizaine de millions de DA y auraient été même consacrée pour le bon accueil des adhérents de 46 wilayas et de 16 secteurs de la Fonction publique », ce sont là, en résumé, les propos récoltés par-ci par-là.

Les efforts consentis, particulièrement au Sud du pays, sanctionnés par des résultats encourageants et apaisants sur le plan social, auraient largement contribué à orienter le regard du pouvoir vers ce Syndicat. Dans la liste des présents, on peut mentionner aussi les représentants du Forum des chefs d’entreprise, des Syndicats autonomes (Cnapest, Unpef, Snte…), du syndicat de l’Association nationale des économistes algériens, du Syndicat des magistrats, de l’Inspecteur général de la Fonction publique. Excusez du peu ! L’invité surprise de cette Conférence, dont la clôture aurait pu être annoncée du fait du plébiscite de Belkacem Felfoul pour un troisième mandat d’affilé, n’est autre que Sidi Said, l’inamovible secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens.

Le SG, contrairement à son habitude, ne s’est pas prêté aux questions des journalistes, à l’issue de la cérémonie inaugurale. Selon des sources indiscrètes, ce dernier aurait été «sommé» pour assister, lui qui a toujours refusé de «cautionner» une démarche, même officielle, synonyme de haussement de la considération à l’égard d’un rival, mais surtout de signature de mort pour son Union.

D’ailleurs, l’état moribond dans lequel se trouve empêtrer celle-ci, illustrée par une fronde sans pareil ayant émaillé les regroupements de ses adhérents, et accentuée notamment par les pétitions en vogue sur les réseaux sociaux, est un facteur qui a, selon des analystes avisés de la chose politique, contribué à revoir pour l’État son approche quant au rapport avec son partenaire social.

L’allocution prononcée par la ministre Mounia Meslem s’inscrit dans cet objectif. Après la rituelle mise en valeur de la personnalité et de l’œuvre d’Abdelaziz Bouteflika, la ministre a manifesté la disponibilité de l’État, à travers ses démembrements, de s’ouvrir davantage envers le SNAPAP.

Les vertus du dialogue, ne sont pas en reste, et devront, selon l’oratrice, être mises à profit mutuellement pour la prise en charge des problèmes socioprofessionnels du personnel de la Fonction publique.

Lui emboitant le pas, Blekacem Felfoul, interrompu par une ovation en un seul signifiant son plébiscite, a réaffirmé l’engagement du SNAPAP de venir à bout des obstacles, notamment salariaux, qui rendent la vie difficile à tous les fonctionnaires.

En marge de la Conférence, Belkacem Felfoul a déclaré que la revalorisation salariale est un droit pour tous les fonctionnaires, de quelques catégories soient-ils, pour parer à la hausse des prix touchant plusieurs produits vitaux. Rappelant, au passage, la proposition formulée, en 2014, par le SNAPAP, de fixer le SNMG à 35 000 DA, indiquant que celle-ci est devenue insuffisante en ces temps difficiles.

Parmi les notables perspectives du SNAPAP, la généralisation de la prime du Sud pour tous les fonctionnaires y résidant, la réactualisation de la prime des Hauts-Plateaux, du Sud et de la régions des Aurès conformément à la nouvelle grille des salaires, garantie du droit à la formation et de promotion pour le personnel de la Fonction publique durant leur carrière, obligation de titulariser les recrues dans le cadre du Pré-emploi et du Filet social selon une nomenclature nationale.

La reconnaissance de la place privilégiée qu’aura à occuper dorénavant le SNAPAP, fort de ses plus de 450 000 adhérents à l’échelle nationale, peut-être, comme nouvel interlocuteur du pouvoir, va-t-elle déclarer l’UGTA comme persona non grata aux yeux du pouvoir ?