LONDRES – Des dizaines de milliers de réfugiés syriens sont piégés en plein désert aux frontières jordano-syriennes depuis deux mois, s’est indignée, jeudi, l’organisation des droits de l’homme, Amnesty International (AI), qui incrimine la communauté internationale dans cette situation.
» 75 000 réfugiés sont actuellement piégés en plein désert dans des conditions effroyables entre la Jordanie et la Syrie, pratiquement coupés de toute aide humanitaire », selon un communiqué d’AI.
L’Organisation estime que cette situation est la conséquence « tragique » de » l’incapacité des dirigeants du monde à s’entendre sur le partage des responsabilités » en ce qui concerne la crise mondiale des réfugiés.
Citant des témoignages de personnes se trouvant dans la zone appelée « la berme » à la frontière syrienne avec la Jordanie, l’organisation décrit une situation « désespérée marquée par la souffrance humaine ».
AI rapporte que les personnes piégées dans la zone de la berme sont presque privés de nourriture, souffrant de maladies dont » certains meurent pour n’avoir pas accès aux secours, aux soins médicaux et à une aide humanitaire digne de ce nom ».
» La situation dans la berme donne un triste aperçu des conséquences que peut avoir l’incapacité lamentable des Etats à partager les responsabilités dans la crise mondiale des réfugiés « , regrette l’ONG.
Cette absence de partage des responsabilités a amené de nombreux pays voisins de la Syrie à » fermer leurs frontières aux réfugiés « , a-t-elle ajouté.
Il est néanmoins, souligné que les voisins de la Syrie, dont la Jordanie, où vivent 650 000 réfugiés, accueillent la grande majorité des personnes qui fuient le conflit, ce qui » pèse lourdement sur leurs ressources « .
Trois pays voisins de la Syrie accueillent, à eux seuls » plus de quatre millions de personnes « , est-il précisé.
AI qui indique que dans les prochaines jours, vont se réunir à New York, les » dirigeants du monde » pour deux sommets de haut niveau sur la question des réfugiés, interpelle la communauté internationale à « passer des discours aux actes ».
Elle appelle « les dirigeants du monde » à s’engager concrètement à accueillir une part équitable des réfugiés, afin de soulager la pression sur les pays qui les hébergent.
En attendant, l’ONG demande à la Jordanie d’autoriser les réfugiés de la berme à entrer sur son territoire, mais insiste sur le fait que les dizaines de milliers de réfugiés syriens » attendent une protection internationale « .
L’ONG qui réitère que » la solution à plus long terme devra être mondiale « , précise qu’à l’échelle internationale, le nombre de places de réinstallation offertes aux réfugiés syriens reste » terriblement insuffisant » regrettant que » le poids de la crise des réfugiés » continue de reposer principalement sur les pays de la région.
» Sans réels engagements suivis des faits en matière d’augmentation des réinstallations, les deux sommets prévus sur les réfugiés resteront purement symboliques », a déclaré AI.
Elle estime que l’absence de solution à long terme pour les réfugiés piégés dans la zone de la berme sera révélatrice, non seulement de » l’échec de la communauté internationale », mais aussi de son » manquement à ses obligations à l’égard des réfugiés du monde entier « .
Selon des chiffres de l’ONU, plus de 4 millions de syriens ont fui la Syrie et plus de 290.000 sont mort depuis le début du conflit syrien en 2011.